Démocrates et républicains s'apprêtaient mercredi à dévoiler une réforme de l'immigration aux États-Unis qui conduirait à la lente régularisation de millions de sans-papiers, un chantier historique qui constituerait un succès majeur du second mandat de Barack Obama.

Un groupe de huit sénateurs des deux partis devrait publier dans les prochains jours un projet de réforme de la législation actuelle, devenue obsolète au regard des plus de 11 millions de personnes en situation irrégulière, en majorité mexicaines.

Depuis leur défaite à la présidentielle de novembre, les républicains ont abandonné leur opposition à toute régularisation, dans l'espoir de reconquérir l'électorat hispanique qui les a désertés au profit des démocrates et de Barack Obama.

Quatre républicains dont la star montante Marco Rubio, 41 ans et d'origine cubaine, et l'ancien candidat à la présidentielle John McCain participent depuis des mois à l'élaboration en privé d'une proposition de loi de plusieurs centaines de pages.

«Nous sommes en train de finaliser le langage législatif pour inclure tous les accords auxquels nous sommes parvenus», a déclaré le démocrate Robert Menendez, l'un des membres du groupe, mercredi sur la chaîne MSNBC.

«Toutes les grandes questions, la procédure de régularisation, la sécurité des frontières, les flux futurs de travailleurs, les saisonniers agricoles, les jeunes nés aux États-Unis: nous avons un accord sur tout», a-t-il expliqué. «Ecrire la législation prend du temps... mais on y est».

A des journalistes, il a indiqué que le texte serait finalisé au plus tard lundi ou mardi.

Des dizaines de milliers de manifestants

La première audition parlementaire aura lieu le 17 avril, début d'une longue période de débat qui permettra de donner la parole aux élus les plus réticents, notamment les conservateurs dont la priorité est de rendre étanche la frontière avec le Mexique pour ne pas créer d'appel d'air.

La dernière grande réforme, promulguée par le président Ronald Reagan en 1986, a conduit à des régularisations massives sans pour autant freiner l'immigration clandestine.

Les régularisations n'interviendraient qu'après la mise en place d'une surveillance sur 100% de la frontière avec le Mexique, selon une source parlementaire. Elles se feraient sous conditions et au bout d'un processus long de plusieurs années, peut-être une dizaine.

Le système de visas pour les personnes hautement qualifiées, dits H-1B, et pour les travailleurs agricoles saisonniers serait également réformé.

Alors que les élus négociaient les ultimes détails, des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup de sans-papiers, ont rempli l'immense pelouse au pied du Capitole en présence d'élus démocrates.

Par cars affrétés par des associations, ils étaient parfois venus de loin, comme la famille Reyes, venue d'Arkansas.

«Il est temps de faire la réforme maintenant, car après ce sera trop tard pour mes parents», expliquait Jairo Reyes, 20 ans, dont les deux parents, Arturo et Silvia, également présents, viennent de recevoir un ordre d'expulsion.

Anais Flores, une étudiante de la grande banlieue de Washington venue du Pérou à l'âge de neuf ans, a reçu une première carte d'identité cette année, grâce à un programme temporaire lancé par le président Obama en 2012 pour les étrangers arrivés enfants sur le territoire.

Mais elle attend une régularisation en bonne et due forme, car «je ne me vois pas vivre ailleurs». Le projet prévoit une procédure accélérée pour les jeunes dans son cas.

En cas de vote positif au Sénat dans les prochains mois, la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, s'attaquera au dossier.