Bureaucratie boursouflée, coûts d'achats de matériels sous-évalués: le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a promis mercredi de «mettre tout sur la table» pour que le Pentagone réforme sa façon de dépenser un budget appelé à baisser durablement.

Lors de son premier grand discours depuis sa prise de fonctions, Chuck Hagel, un républicain qui a par le passé dénoncé l'ampleur des dépenses militaires, a dressé sa feuille de route pour faire face à 41 milliards de dollars de coupes automatiques d'ici fin septembre, et potentiellement à «500 milliards supplémentaires au cours de la prochaine décennie».

Même en cas d'accord sur la réduction du déficit entre républicains et démocrates, le Pentagone doit se mettre en ordre de bataille face à un budget appelé à diminuer après une décennie de guerres, a-t-il prévenu dans son allocution devant l'Université de défense nationale (NDU).

Le budget, qui a doublé depuis 2001, devait atteindre 614 milliards de dollars en 2013. Le projet de budget 2014 doit être dévoilé le 10 avril.

Le rôle des États-Unis dans le monde n'est pas en question, a précisé le secrétaire, car le pays «ne peut pas se payer le luxe de se replier sur lui-même». «L'armée des États-Unis reste un outil essentiel de la puissance américaine, mais qui doit être utilisé judicieusement, avec une vision claire de ses limites», a insisté M. Hagel, au diapason du président Barack Obama.

Un an après la mise en place d'une nouvelle stratégie axée sur l'Asie-Pacifique, les drones ou encore les forces spéciales, le secrétaire à la Défense a ordonné une étude sur les moyens de l'appliquer à la lumière de contraintes judiciaires grandissantes. Les conclusions de cette étude doivent lui être remises fin mai.

«Nous devons remettre en question toutes les hypothèses passées et nous devons tout mettre sur la table», a déclaré Chuck Hagel. Le nombre de chars, d'avions ou de militaires avec lesquels le Pentagone devra compter à l'avenir n'est pas évoqué. L'armée de Terre sait depuis l'an passé qu'elle perdra 75 000 hommes et passera à 490 000 personnes d'ici 2017, tandis que le corps des Marines passera à 182 000 hommes (moins 19 000).

Moins de chars, autant de généraux

C'est au fonctionnement de l'institution que le ministre compte s'attaquer.

«À maints égards, le plus gros défi budgétaire à long terme auquel est confronté le département de la Défense n'est pas un budget inchangé ou en déclin, mais le déséquilibre grandissant dans la façon dont cet argent est dépensé», a-t-il jugé.

La modernisation de l'armée «dépend de systèmes qui sont largement plus onéreux et risqués technologiquement que ce qui était promis ou budgété», a-t-il ainsi dénoncé. Le coût du programme d'avion furtif F-35 a par exemple doublé par rapport à 2001, ce qui fait craindre à de nombreux analystes une baisse drastique du nombre de commandes à l'avenir.

La taille des «forces opérationnelles, qui se mesurent en nombre de bataillons, de navires et d'avions, a été radicalement réduite depuis la Guerre froide», mais le nombre de généraux trois ou quatre étoiles, et la chaîne de commandement qui s'en suit, est loin d'avoir suivi cette tendance, a-t-il en outre noté.

L'armée doit également s'interroger sur le nombre nécessaire de civils et de militaires travaillant pour la Défense. Ils sont actuellement 800 000 et 1,4 million militaires d'active.

«Plus de 300 000 militaires accomplissent des tâches civiles ou commerciales» et non le métier des armes, a rappelé le ministre. Or, un militaire bénéficie de prestations sociales et de santé de qualité souvent supérieure que dans le civil, mais surtout de plus en plus onéreuses pour le budget de la défense.