Les agences américaines de renseignement ont négligé la Chine et le Proche-Orient, car elles se sont trop concentrées sur des opérations militaires et les frappes de drones, selon un rapport de l'Intelligence Advisory Board (IAB) confirmé jeudi à l'AFP par un responsable.

Les conclusions de ce rapport de 2012 de l'IAB, qui conseille la Maison-Blanche sur les questions de renseignement, ont été citées jeudi dans le Washington Post.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le travail de la CIA, de l'Agence nationale de sécurité (NSA) et d'autres agences de renseignement a davantage porté sur le contre-terrorisme et les zones de guerre, comme l'Irak et l'Afghanistan, souligne le rapport.

Les 14 membres de ce conseil, parmi lesquels figurait Chuck Hagel, désormais patron du Pentagone, conseillent aux services de renseignement du pays de reprendre des activités plus traditionnelles de recueil de l'information politique et stratégique.

«La communauté du renseignement est devenue dans une certaine mesure une opération de soutien militaire», estime le co-président de l'IAB David L. Boren, cité par le Washington Post.

Pour cet ancien sénateur, il y a un déséquilibre entre «le nombre de personnels et d'experts mis dans des endroits comme l'Irak et l'Afghanistan, comparé à d'autres pays de grande importance».

«À long terme, qu'est-ce qui est le plus important pour l'Amérique: l'Afghanistan ou la Chine ?», se demande-t-il.

L'espionnage traditionnel «a souffert depuis que la CIA a porté de plus en plus ses efforts sur le côté opérationnel», déplore un autre membre de l'IAB Lee H. Hamilton, cité par le Post.

Pour M. Hamilton, il est temps de «reconsidérer notre logique de guerre, notre focalisation sur le contre-terrorisme (...) et de revenir aux missions traditionnelles de collecte et d'analyse» de renseignements.

«Il y a des mesures en cours pour répondre aux problèmes soulevés», a expliqué à l'AFP le responsable américain sous couvert d'anonymat, précisant que la vision de services de renseignement focalisés seulement sur l'anti-terrorisme était «obsolète».

Un porte-parole de la Direction nationale du renseignement (DNI), qui supervise l'action des 16 agences du pays, a de son côté affirmé que le travail des services évoluait en fonction des menaces.

«Notre capacité à évaluer la priorité des menaces et à adapter nos actions et ressources en fonction est à la pointe des améliorations du fonctionnement de notre communauté du renseignement depuis une décennie», estime ce porte-parole, Shawn Turner, dans un courriel à l'AFP.