Vingt-quatre détenus de Guantanamo - dont huit sont nourris de force - étaient mardi en grève de la faim, ont déclaré les autorités de la prison militaire, démentant les déclarations selon lesquelles le mouvement impliquerait la majorité des 166 prisonniers.

«Les comptes rendus sur la grève de la faim évoquant une détérioration de la santé des détenus et une perte de poids massive sont tout simplement faux», a déclaré à l'AFP le capitaine Robert Durand, directeur de la communication de Guantanamo.

«Nous avons aujourd'hui, mardi 19 mars, 24 grévistes de la faim, dont huit sont nourris par des tubes, contre 21 et huit hier, et 14 et huit vendredi», a-t-il ajouté par courriel depuis l'enclave cubaine. Il a précisé que deux détenus étaient actuellement hospitalisés.

Une cinquantaine d'avocats des détenus affirment que le mouvement est suivi par la majorité des 166 prisonniers de la prison, qui vit au camp 6 - environ 130 détenus qui ne présentent aucun risque ni problème de discipline -, selon une estimation.

Certains de leurs clients leur ont même indiqué qu'il se serait propagé à 20 détenus au camp 5 voisin, qui abrite le quartier disciplinaire et l'infirmerie, a indiqué à l'AFP Omar Farah, du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui défend nombre d'hommes enfermés à Guantanamo.

Cette grève de la faim a démarré le 6 février, jour d'une fouille menée dans le camp 6. Les détenus ont rapporté que leurs Corans avaient été examinés par des gardiens, ce qu'ils ont perçu comme «une profanation religieuse», selon leurs avocats. Les autorités ont démenti toute intervention sur les Corans lors d'une fouille qu'elles ont qualifié «de routine».

Mais le mouvement a «pour toile de fond 11 années de détention illimitée sans procès» pour 86 détenus déclarés «libérables», alors que «le gouvernement n'a aucun projet de fermer Guantanamo et n'a aucune idée sur comment s'y prendre», a déclaré Me Farah, qui défend sept détenus. Il montre «le grand désespoir et le grand tourment» dans lesquels sont plongés les détenus, a ajouté l'avocat.

«Je ne pense pas que la bonne réponse pour le Pentagone ou les autorités de Guantanamo soit de démentir ou de diminuer la gravité de ce qui se passe, car cela ne conduira qu'à un résultat pire», a prévenu Me Farah, selon lequel les détenus «sont déterminés et ont atteint un point de rupture».