Les ministères américains se préparaient jeudi à déclencher leurs plans d'austérité forcée à partir de vendredi, démocrates et républicains se contentant jeudi de présenter pour éviter ces coupes automatiques des mesures symboliques au Sénat, assurées d'échouer.

Chaque camp votera jeudi au Sénat pour son propre texte alternatif visant à annuler ou modifier les coupes automatiques de 85 milliards de dollars d'ici le 30 septembre, soit une réduction annuelle de 8 % pour la défense, et 5 % pour le reste du budget.

Au début d'une journée qui s'annonçait mouvementée, l'aumônier du Sénat a requis l'aide du Seigneur en ouvrant les travaux de jeudi : «Alors que nous anticipons l'entrée en vigueur de coupes généralisées, nous espérons toujours que votre bienveillance prévaudra».

Depuis plusieurs semaines, les ministres multiplient les avertissements sur les conséquences de ces coupes, qui affectent autant les fonctions régaliennes que les autres lignes budgétaires, dans les transports, l'éducation et les inspections sanitaires.

Et le Fonds monétaire international a annoncé jeudi qu'il abaissait sa prévision de croissance pour les États-Unis en 2013 en raison de cette cure d'austérité, de 2 % à 1,5 %.

Mais les républicains semblaient, à la veille de la date butoir, s'en satisfaire, persuadés que le ciel n'allait pas tomber sur la tête des Américains et que l'opinion publique se rangerait de leur côté.

«Contrairement aux prédictions d'obscurité, de ruine et d'apocalypse, personne ne peut sérieusement affirmer que 2,4 % de réduction d'un budget de 3600 milliards de dollars nous mènera à la dévastation et à la fin de la civilisation occidentale», a déclaré le sénateur républicain John Cornyn.

En fait, de grandes portions du budget (retraite, santé) sont exemptées, ce qui explique pourquoi les réductions sont de 8 % sur la défense et 5 % sur le reste du budget.

Effet «boule de neige»

Certains démocrates ont aussi rappelé que les programmes sociaux pour les plus vulnérables étaient exemptés, et qu'au contraire ils étaient ravis des fortes coupes subies par le Pentagone.

Barack Obama a invité les chefs de file du Congrès vendredi pour une réunion à la Maison-Blanche. Mais rien ne figure à son agenda officiel de jeudi.

Plutôt qu'un «mur», le président a noté mercredi que les effets de ces coupes ressembleraient plutôt à un effet «boule de neige».

Les conséquences ne se feront pas sentir «dans la première semaine, les deux premières, les trois premières semaines si votre entreprise n'est pas directement liée au département de la Défense», a-t-il assuré.

Mais à terme, «cela va être un gros choc pour l'économie. Tant le secteur privé que le secteur public estiment que nous pourrions perdre 0,6 point de croissance économique», a-t-il rappelé.

Les démocrates, majoritaires au Sénat où ils contrôlent totalement l'ordre du jour, ont attendu la veille du 1er mars pour organiser un vote, preuve selon leurs adversaires qu'ils misent sur une stratégie de la corde raide et le soutien de l'opinion publique.

Leur objectif est de forcer les républicains à concéder une nouvelle hausse des impôts des plus riches pour combler le déficit public, et de préserver ainsi le niveau de dépenses actuel.

Selon un sondage Gallup publié jeudi, 56 % des Américains estiment que les coupes budgétaires aggraveront la situation économique. Mais 45 % disent ne pas craindre qu'elles affectent leur propre situation financière, contre 44 % qui pensent que oui.

Le projet démocrate prévoit l'annulation des coupes automatiques en 2013 et un taux d'imposition de 30 % pour les personnes gagnant plus de 5 millions de dollars par an. Les républicains refusent toute hausse d'impôts.

Le débat se poursuit alors que les mauvais chiffres de la croissance ont été publiés pour le quatrième trimestre 2012. Le PIB américain n'a progressé que de 0,1 % en rythme annualisé d'octobre à décembre.