L'administration Obama va peut-être lever une partie du voile sur les drones américains puisque certaines opérations vont passer sous le contrôle de l'armée alors que la seule CIA était jusqu'à présent responsable des missions secrètes de ces avions télécommandés.

Toutefois, selon des sources officielles, ce changement ne s'appliquera pas aux appareils d'attaque déployés au Pakistan, où la plupart des missions de drones se déroulent.

Et même avec ce changement dans les procédures, Barack Obama n'a certainement pas l'intention d'abandonner une tactique qui, selon ses conseillers, a permis de décimer le réseau Al-Qaïda.

«Il est sérieusement envisagé de mettre certaines de ces activités» sous contrôle militaire, a déclaré un responsable sous condition d'anonymat.

L'administration Obama estime que les attaques de drones sont légales et efficaces, mais ce changement envisagé «est relatif à une certaine transparence et à la légitimité avec laquelle sont perçues ces opérations», a ajouté ce responsable.

Si l'armée prend en main certaines missions de drones, cela permettra de mieux surveiller ces opérations puisque l'armée doit opérer dans un cadre législatif plus strict et elle peut être convoquée à des auditions publiques au Congrès.

Jusqu'à présent, les «assassinats ciblés» commis à l'aide de drones au Pakistan, au Yémen ou en Somalie ont été menés sous l'autorité de la CIA. Ces opérations «couvertes» permettaient aux autorités de nier leur existence.

Mais les attaques de drones sont devenues un secret de Polichinelle et les élus du Congrès ainsi que des avocats ont demandé à l'administration Obama de pouvoir discuter publiquement de ces opérations.

«S'il n'est plus possible de nier de manière crédible que nous conduisons ces opérations, alors il est logique d'en rendre publiques au moins un certain nombre», a estimé John Nagl, du Nouveau centre américain de sécurité, un groupe de réflexion proche de l'administration Obama.

Contraintes externes

Le Congrès voudrait également «regagner un peu de son autorité sur les opérations de terrain après une décennie de guerre», a aussi souligné M. Nagl.

Les autorités militaires sont en tout cas très favorables à ce changement de politique envisagé par l'administration Obama, selon des responsables.

Les plus hauts gradés veulent «remettre la main» sur ces programmes et estiment qu'il est temps pour la CIA de cesser sa guerre à grande échelle contre Al-Qaïda pour se reconcentrer sur sa mission première, qui est plus axée sur le renseignement, a indiqué un autre responsable.

Les changements s'appliqueraient principalement aux missions de bombardement au Yémen, où le gouvernement local soutient publiquement l'aide des États-Unis pour combattre Al-Qaïda, ainsi que dans d'autres pays qui seraient prêts à soutenir les interventions américaines.

Mais la CIA garderait la main sur certaines opérations secrètes ainsi que sur les missions d'attaques de drones dans les zones tribales au Pakistan, où la majorité des assassinats ciblés se sont déroulés, selon des responsables.

Sur environ 420 raids de drones au Pakistan et au Yémen depuis 2004, 350 se sont déroulés au Pakistan, selon un décompte effectué par l'organisme indépendant New America Foundation.

La Maison-Blanche envisage en fait cette modeste «réforme» du programme de drones notamment pour se prémunir contre une action du Congrès ou une action en justice qui pourrait être entreprise par des opposants et qui remettrait en question ces missions considérées comme un moyen très efficace de combattre Al-Qaïda, a aussi souligné Micah Zenko, du Conseil des relations internationales.

«Ils veulent poursuivre ces missions, et ils savent que s'ils veulent continuer comme ils le font, des contraintes externes leur seront imposées», conclut-il.