La stratégie de communication de Barack Obama provoque l'exaspération de certains médias accrédités à la Maison-Blanche, qui reprochent au président américain de préférer les animateurs aux journalistes politiques et les réseaux sociaux aux conférences de presse.

Latente depuis des mois, la frustration des représentants des journaux, médias audiovisuels et agences de presse qui suivent l'exécutif américain au jour le jour est remontée à la surface le week-end dernier, lorsque la présidence a refusé tout accès à M. Obama lors de sa partie de golf avec Tiger Woods en Floride.

«Je peux dire qu'une large part de nos membres, que ce soit la presse écrite, électronique, radio ou télévisée, m'ont exprimé leur grande colère pour n'avoir eu absolument aucun accès au président des États-Unis pendant tout ce week-end», a déclaré le président de l'Association des correspondants de la Maison-Blanche, Ed Henry.

«Il existe un principe tout simple, mais très important pour lequel nous continuerons à nous battre, pour aujourd'hui et dans les jours à venir : la transparence», a ajouté M. Henry dans un communiqué d'une rare virulence.

L'utilisation du terme «transparence» renvoyait directement aux éléments de langage de la présidence américaine, qui se targue souvent d'être l'administration «la plus transparente» de l'histoire du pays.

Mais cette «transparence» ne s'étend pas aux parties de golf de M. Obama, bien que sa partie avec l'ancien numéro un mondial, dont l'image a été ternie par un scandale sexuel en 2009, ait provoqué un grand intérêt. La veille, il avait joué avec des donateurs de sa campagne de 2012, dont un PDG de société pétrolière.

Pendant trois jours, les reporters, photographes et cameramans qui suivent M. Obama au quotidien sont restés parqués à l'extérieur du complexe de golf privé où le président résidait.

Préférence aux médias locaux et aux réseaux sociaux

Assailli de questions à ce sujet mardi lors de son point de presse quotidien, le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney a dit éprouver une «totale compréhension» vis-à-vis des «difficultés de couvrir la Maison-Blanche et «du souhait de davantage d'accès» au président.

Mais M. Carney, lui-même un ancien correspondant de l'hebdomadaire Time sous les présidences de Bill Clinton et George W. Bush, a aussi dit douter que «quelque groupe des correspondants à la Maison-Blanche que ce soit ait été entièrement satisfait du niveau d'accès qui leur a été accordé».

Il a aussi noté que M. Obama avait donné 35 conférences de presse en quatre ans de mandat, et accordé 591 entretiens.

Mais la signification de ce dernier chiffre fait débat, nombre de ces interviews ayant été diffusées par des émissions de divertissement, comme celles des animateurs Oprah Winfrey, Jay Leno et David Letterman.

M. Obama s'exprime aussi beaucoup sur les télévisions locales américaines, nourrissant le soupçon de vouloir court-circuiter les questions plus acérées des correspondants politiques. Le journal Politico notait mardi que M. Obama n'a en revanche plus parlé en tête-à-tête au New York Times, au Washington Post ou au Wall Street Journal depuis 2010.

Parallèlement, M. Obama a multiplié les recours aux réseaux sociaux, comme Twitter, Facebook, Google+ et Reddit pour s'adresser à ses administrés sans le filtre des médias traditionnels.

La présidence livre régulièrement des clichés «léchés» de M. Obama, pris par son photographe officiel Pete Souza, sur le site de partage Flickr. Le président y apparaît toujours sous son meilleur jour, que ce soit en famille, en pleine réflexion dans le bureau ovale ou sur un terrain de basket.

«Nous travaillons de très près avec vous pour essayer de vous donner accès au président», a affirmé mardi M. Carney. Mercredi après-midi, M. Obama accordait des entretiens à huit télévisions locales.