Le général américain John Allen va prendre sa retraite et renonce à devenir patron militaire de l'OTAN en raison de problèmes de santé de sa femme, quelques semaines après sa mise hors de cause dans une enquête pour une correspondance «déplacée» avec une femme mariée.

Le général, âgé de 60 ans, renonce à l'un des postes les plus prestigieux de l'armée américaine et suscite un casse-tête pour la Maison Blanche et le Pentagone afin de lui trouver un remplaçant.

A ce stade aucun nom n'a été évoqué publiquement pour ce poste, traditionnellement dévolu à un officier américain et actuellement occupé par l'amiral James Stavridis. Cette information annoncée mardi intervient à deux jours d'une réunion des ministres de la Défense des 28 pays membres de l'OTAN à Bruxelles.

«Aujourd'hui, j'ai rencontré le général John Allen et accepté sa demande de prendre sa retraite de l'armée afin de s'occuper de problèmes de santé au sein de sa famille», a affirmé Barack Obama dans un communiqué.

Le général Allen a terminé il y a dix jours un déploiement de 19 mois à Kaboul où il a dirigé la coalition internationale (Isaf) en Afghanistan. Il avait été nommé mi-novembre pour diriger les forces américaines en Europe et celles de l'OTAN (Saceur), mais sa nomination avait été suspendue en raison d'une enquête liée au scandale qui coûta à David Petraeus son poste de directeur de la CIA.

Des courriels retrouvés sur l'ordinateur d'une femme mariée, Jill Kelley, liée à l'affaire Petraeus, montraient ce qui pouvait sembler être une correspondance jugée «déplacée» et confinant au flirt entre Mme Kelley et le général Allen.

Au terme de son enquête le 23 janvier, l'inspection générale du Pentagone l'avait «exonéré totalement» de toute conduite inconvenante pour un officier et donc de toute violation du règlement militaire, levant l'hypothèque de sa nomination.

«La seule chose à faire»

«Les raisons de cette décision sont personnelles. Je ne l'ai pas prise à la légère ou dans la précipitation mais je l'ai soupesée et j'ai abouti à la conclusion que c'était la seule chose à faire», déclare le général Allen dans un communiqué. «Mon premier souci est la santé de ma femme, qui a tant sacrifié pour moi».

Il a confié dans un entretien au Washington Post que sa femme Kathy est victime d'une maladie auto-immune et que sa renonciation n'avait rien à voir avec l'enquête qui l'a visé.

«J'ai passé tant de temps éloignée d'elle et de nos deux filles. C'est maintenant mon tour d'être auprès d'elles, d'être là quand elles ont le plus besoin de moi», justifie-t-il dans un communiqué.

L'officier avait prévenu le président et le secrétaire à la Défense Leon Panetta qu'il envisageait de renoncer.  L'OTAN a dit «respecter totalement» sa décision.

En Afghanistan, le général Allen a dû notamment faire face à l'augmentation des attaques de soldats de la coalition par des membres des forces afghanes. Il a également supervisé le retrait des 33 000 Américains envoyés en renfort à la fin 2009 et recommandé au président américain un nouveau retrait de 34.000 hommes supplémentaires d'ici un an. La mission de combat de l'OTAN en Afghanistan doit se terminer fin 2014.

Il «a contribué à la montée en puissance importante des forces afghanes, à l'affaiblissement d'al-Qaïda et de ses alliés extrémistes, et à la transition de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes dans tout le pays», a encore salué le président dans son communiqué.

Le général Allen «a travaillé sans relâche pour renforcer notre coalition» et «renforcer nos relations avec le gouvernement afghan», a ajouté M. Obama.

Pour Leon Panetta, «on se souviendra longtemps que son leadership ces 19 derniers mois a été crucial à cette campagne».