Des documents publiés vendredi font la lumière sur le fonctionnement interne d'un ordre catholique secret et désormais en disgrâce appelé la Légion du Christ, incluant de nouveaux détails sur la façon dont l'organisation a pris le contrôle des finances d'une vieille dame et l'a persuadée de lui léguer 60 millions $ US.

Les documents, préalablement maintenus sous scellés dans le cadre d'une poursuite devant la Cour supérieure du Rhode Island, comprennent des milliers de pages de témoignages de la part de hauts responsables de la Légion, de ses membres et des proches de la riche veuve, Gabrielle Mee. Il s'agit des premières dépositions de hauts responsables de la Légion, et indiquent entre autres de quelle façon l'ancien second de l'ordre a appris en 2006 que le fondateur avait eu un enfant.

Ce no 2, le révérend Luis Garza, a indiqué ne pas avoir révélé publiquement la nouvelle de cette paternité parce que le fondateur du mouvement, le défunt prêtre Marcial Maciel, avait déjà été puni par le Saint-Siège pour avoir agressé sexuellement des séminaristes et obligé de s'adonner à une vie de repentance et de prière.

Le pape Benoît XVI a repris les rênes de la Légion en 2010, après qu'une enquête du Vatican eut déterminé que Maciel avait vécu une double vie, incluant le fait de faire trois enfants à deux femmes. Le pape a ordonné une vaste réforme de l'ordre et a nommé un délégué papal pour superviser le tout.

Un juge de la Cour supérieure du Rhode Island avait indiqué l'an dernier que les documents en question avaient lancé un signal d'alarme puisque Mme Mee, une vieille dame très croyante, avait transféré des millions à des «leaders religieux clandestins et suspects».

Ces documents sont demeurés sous scellés jusqu'à ce que plusieurs médias, dont l'Associated Press, eurent argué que leur diffusion était dans l'intérêt du public. La Légion soutenait que la couverture médiatique pourrait influer sur d'éventuels jurés dans le cas d'un procès.

Le scandale de la Légion démontre de quelle façon le Vatican a volontairement ignoré des allégations crédibles d'agression contre Maciel pendant des décennies, tout en le présentant comme un modèle de sainteté pour les croyants, puisqu'il apportait de l'argent et des candidats à la prêtrise.

Le scandale, qui a entaché la réputation du pape Jean Paul II, est considéré comme un exemple particulièrement choquant de la façon dont le Vatican a ignoré, pendant des décennies, les rapports au sujet de prêtres soupçonnés d'agression sexuelle parce que les leaders de l'Église plaçaient les intérêts de leur institution au-dessus de ceux des victimes.

Mary Lou Dauray a allégué que sa tante, Mme Mee, qui est décédée à l'âge de 96 ans en 2008, a été fraudée par la Légion et a été indûment influencée par ses prêtres pour dilapider sa fortune.

Un juge de la Cour supérieure a estimé en septembre dernier que Mme Dauray ne pouvait intenter de poursuite, mais a noté qu'il existait des preuves que Mme Mee avait été indûment persuadée de modifier son testament et ses arrangements financiers.