Le directeur de la technologie au tribunal militaire de Guantanamo a confirmé mardi que les conversations même chuchotées entre les accusés du 11-Septembre et leurs avocats pouvaient être entendues par le gouvernement.    

Au deuxième jour d'une audience préliminaire retransmise sur la base militaire de Fort Meade, au Maryland, Maurice Elkins, directeur de la technologie dans la salle d'audience, a indiqué que plus d'une vingtaine de micros répartis dans le tribunal étaient, jusqu'à ce qu'ils soient modifiés lundi, activés en permanence et pouvaient saisir même les échanges en aparté des accusés et de leurs clients.

Lorsqu'il était interrogé par l'avocat de la défense James Connell, M. Elkins a fait la démonstration de parler «à un niveau très très bas» et a indiqué que ce qu'il disait pouvait alors être entendu dans un des deux circuits, le circuit «non filtré», parvenant à la personne chargée des retranscriptions (court reporter), aux interprètes, mais aussi à l'agence gouvernementale écoutant l'audience (OCA, original classification authority).

Il a précisé que ce circuit audio «non filtré», contrôlé par un logiciel, ne parvenait en revanche pas au public ni aux journalistes à l'extérieur de la salle d'audience.

Malgré son insistance et en raison des nombreuses objections des procureurs, Me Connell n'a pas réussi à savoir où se trouve l'OCA, qui écoute les débats et peut ainsi entendre les conversations confidentielles entre avocats ou entre les avocats et leurs clients.

Pour le gouvernement, Clayton Trivett a fait une «analogie» avec les conversations souvent inaudibles dans un restaurant, s'attachant à montrer qu'elles sont incompréhensibles si elles ne sont pas isolées, or le témoin a confirmé que le gouvernement n'avait ni la capacité d'isoler les conversations, ni de les enregistrer ni d'en amplifier le son.

Ces échanges n'ont été entendus mardi que par trois des cinq accusés qui encourent la peine de mort, dont le cerveau Khaled Cheikh Mohammed, qui était vêtu d'une veste de camouflage autorisée par le juge. Le Saoudien Moustapha al-Houssaoui et le Pakistanais Ali Abd al-Aziz Ali, neveu de M. Mohammed, avaient boycotté l'audience.