John Kerry a officiellement succédé à Hillary Clinton comme secrétaire d'État américain, hier après-midi, lors d'une prestation de serment devant le vice-président Joe Biden. À 69 ans, l'ancien sénateur du Massachusetts réalise ainsi une de ses plus chères ambitions, qui lui permettra de mettre à profit une longue et riche expérience. Portrait en trois temps d'un vieux routier de la politique qui a l'impression d'être «arrivé à la maison».

La diplomatie dans le sang

«La diplomatie est dans mes gènes», a déclaré John Kerry lundi en s'adressant aux employés du département d'État. Pour le prouver, il a brandi son premier passeport diplomatique, qui remonte à l'époque où son père diplomate était en poste à Berlin. Le cousin francophile et francophone de l'écologiste Brice Lalonde a certes voulu devenir président. Mais toute sa carrière semble avoir été un prélude au poste dont il vient d'hériter. À la tête de la commission des Affaires étrangères du Sénat depuis 2008, ce vétéran du Viêtnam a déjà visité la plupart des points chauds du globe, de l'Afghanistan à l'Égypte en passant par la Syrie.

Le premier passeport diplomatiqe de John Kerry remonte à l'époque où son père diplomate était en poste à Berlin, en Allemagne.

Renvoi d'ascenseur

En permettant à John Kerry de finir sa carrière dans l'un des postes les plus prestigieux du gouvernement américain, Barack Obama se trouve à renvoyer l'ascenseur à l'homme qui l'a mis en orbite. L'ancien sénateur du Massachusetts avait fait une faveur inestimable à Obama en lui confiant le discours-clé de la convention du Parti démocrate à Boston en 2004. Ce discours allait transformer en rock star de la politique celui qui n'était alors qu'un obscur sénateur à Springfield, capitale de l'Illinois. Kerry a également donné un coup de main à Obama lors de la dernière course à la Maison-Blanche en jouant le rôle de Mitt Romney dans les répétitions du président en vue des débats présidentiels.

PHOTO PETE SOUZA, LA MAISON-BLANCHE

Le secrétaire d'État John Kerry fait l'accolade au président Barack Obama.

Au-delà des drones

«La politique étrangère américaine ne se définit pas seulement par les drones et les déploiements», a déclaré John Kerry lors de son audition de confirmation comme secrétaire d'État devant une commission du Sénat. L'ancien candidat présidentiel a insisté sur l'importance du commerce dans la politique étrangère américaine, et s'est engagé à mobiliser un «patriotisme économique». Il a aussi reconnu les défis immédiats et dangereux auxquels font face les États-Unis, particulièrement au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Asie du Sud. Sur le programme nucléaire de l'Iran, il a répété que «la politique n'est pas l'endiguement, mais la prévention». Il a par ailleurs décrit la Chine «comme un concurrent économique et non comme un adversaire stratégique».

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Un drone MQ-1B Prédateur de l'armée américaine.