L'interdiction des armes d'assaut, l'une des grandes mesures proposée mercredi par Barack Obama, se heurte à la froideur, voire la fin de non-recevoir de nombreux élus du Congrès, à commencer par les républicains qui disposent du pouvoir de bloquer toute législation.        

Interdire les armes d'assaut, les chargeurs de grande capacité (plus de 10 balles) et les balles transperçant les blindages nécessite le vote de lois par le Congrès, où les républicains contrôlent la Chambre des représentants et ont une minorité de blocage au Sénat.

Sans l'accord des patrons du groupe, aucun texte ne peut même atteindre l'hémicycle pour un vote, assurant Barack Obama d'un échec cinglant à moins d'un spectaculaire retournement de position.

Conscient des obstacles, le président a appelé les Américains à faire pression sur leurs élus. «Demandez-leur ce qui est le plus important : avoir une bonne note du lobby des armes, qui finance leurs campagnes, à tout prix? Ou rassurer les parents qui déposent leurs enfants à l'école primaire?»

Répondant à une petite fille qui lui avait écrit, il a expliqué que «les changements les plus importants que nous puissions faire dépendent du Congrès.

Plusieurs républicains représentant des circonscriptions rurales interrogés mercredi par Fox News ont vivement réagi aux projets présidentiels.

«Le deuxième amendement n'est pas négociable», a ainsi déclaré Tim Huelskamp, du Kansas. Un autre, Rodney Alexander, a promis de ne jamais voter pour une mesure qui «piétinerait» les droits des détenteurs d'armes.

D'autres interrogés plus tôt par le site Politico affirmaient qu'il était quasiment impossible que ces interdictions soient votées.

«Cet AR-15 (un fusil d'assaut, NDLR) dont ils parlent tous, c'est l'un des fusils de chasse les plus utilisés du pays», expliquait Charlie Dent, un élu de Pennsylvanie.

Même les démocrates ne sont pas unis derrière Barack Obama.

Certains comme Joe Manchin, sénateur de Virginie occidentale et inconditionnel de la chasse, ont confié avoir été bouleversés par la tuerie de Newtown, dans laquelle 20 enfants ont été tués à l'aide d'armes semi-automatiques.

L'opinion publique du côté du président

Mais beaucoup, à commencer par l'homme fort du Sénat, le chef de la majorité démocrate Harry Reid, ont reçu dans leur carrière le soutien de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes, et sont généralement perçus comme opposés à de plus grandes restrictions sur les ventes d'armes. La tuerie de Newtown, si elle a changé le ton du débat, ne semble pas avoir infléchi leur position sur les armes d'assaut.

Au total, 213 élus du Congrès actuel, dont 16 démocrates, ont reçu des chèques de la NRA en 2012, selon un décompte du Washington Post, signe de l'influence politique du lobby, qui note chaque élu d'«excellent» à «vrai ennemi des droits des détenteurs d'armes». Les moutons noirs sont assurés de publicités négatives financées par la NRA aux élections.

Harry Reid doutait samedi, dans une interview à une radio du Nevada, son État, que l'interdiction des armes d'assaut puisse même survivre au Sénat.

«Est-ce que cela peut passer le Sénat? Peut-être. Est-ce que cela peut passer la Chambre? J'en doute», disait-il.

Son soutien aux propositions de Barack Obama se révélera crucial, mais tout projet de loi devra obtenir une «supermajorité» de 60 sièges sur 100, alors que les démocrates ne disposent que de 55 sénateurs.

En coulisse, les démocrates craignent que le débat sur les armes ne leur coûte leur fragile majorité.

L'opinion publique du côté d'Obama

L'opinion publique est pourtant du côté du président. Deux sondages publiés récemment montraient qu'une forte majorité d'Américains soutenaient l'interdiction des armes d'assaut (55 % dans un sondage Pew, et 58 % dans l'enquête ABC/Washington Post).

La première audition parlementaire pour examiner les mesures du président Obama, et d'autres, se tiendra le 30 janvier au Sénat.