Chuck Hagel est «le leader que nos soldats méritent», a déclaré Barack Obama en confirmant sa décision de nommer l'ancien sénateur républicain du Nebraska secrétaire à la Défense. Mais certains sénateurs républicains ont déjà exprimé leur intention de s'opposer à la nomination de leur ancien collègue, car ils s'inquiètent notamment de ses positions sur Israël et l'Iran. D'où la question: pourquoi le président a-t-il fait ce choix controversé, tout en confiant hier la direction de la CIA à John Brennan, son conseiller pour la lutte antiterroriste? Voici trois raisons.

1. Une bonne relation personnelle

Barack Obama et Chuck Hagel ont développé au fil des ans une bonne relation personnelle. Le démocrate a fait connaissance avec le républicain après son élection au Sénat des États-Unis en 2004. Il a notamment pu prendre la mesure de l'indépendance de son collègue lorsque celui-ci a rompu avec son parti sur la question de la guerre en Irak. Les deux hommes ont approfondi leur relation au cours d'une tournée du Moyen-Orient en juillet 2008, en pleine campagne présidentielle. «J'ai la plus grande estime pour lui sur tous les plans», a déjà dit Chuck Hagel au sujet du président. «Il est l'une personnes les plus admirables, décentes et intelligentes que j'aie jamais rencontrées.»

2. Un vétéran au Pentagone

Depuis son entrée à la Maison-Blanche, Barack Obama a manifesté de multiples façons son intérêt et son respect envers les anciens combattants des États-Unis. Il en a fourni une autre preuve hier en nommant à la tête du Pentagone le premier vétéran de la guerre du Viêtnam. «Chuck sait que la guerre n'est pas une abstraction», a déclaré le président hier après-midi. Barack Obama sait aussi que Chuck Hagel partage son opinion sur le budget militaire des États-Unis, qui a doublé depuis les attentats de 2001. En 2011, dans une interview au Financial Times, l'ancien sénateur du Nebraska a prôné une «cure d'amaigrissement» pour le Pentagone.

3. Un défi aux républicains

L'hostilité de plusieurs sénateurs républicains à l'égard de l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, a déjà privé Barack Obama de son choix numéro un pour remplacer Hillary Clinton au poste de secrétaire d'État. Mais la décision du président de choisir Chuck Hagel pour diriger le Pentagone ne se veut pas moins un défi aux mêmes sénateurs républicains, y compris John McCain et Lindsey Graham. Ceux-ci oseront-ils clouer au pilori un de leurs anciens collègues, qui appartient de surcroît à leur propre parti? C'est comme si Barack Obama voulait prendre sa revanche sur eux en les forçant à accepter Chuck Hagel ou à démontrer leur extrémisme.