Le département d'État américain a tenu à montrer, photos à l'appui, que la secrétaire d'État Hillary Clinton était de retour au travail lundi après un mois d'absence pour une série d'ennuis de santé et à quelques semaines de passer le témoin à son successeur John Kerry.

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Ovationnée par 75 collaborateurs qui lui ont offert un casque et un maillot de football américain, Mme Clinton apparaît tout sourire et dans une éclatante veste rose fuchsia sur des photographies savamment diffusées par ses conseillers, qui ont assuré que la chef de la diplomatie américaine était «superbe» et avait «l'air totalement rétablie».

La porte-parole du département d'État, Victoria Nuland, a toutefois dévoilé un agenda hebdomadaire plus allégé qu'à l'accoutumée pour l'hyperactive secrétaire d'État sortante, qui dînera jeudi avec le président afghan Hamid Karzaï.

Mme Clinton restera aussi privée --»conformément aux conseils de ses médecins» et a priori jusqu'à son départ du département d'État-- des tournées en avion qu'elle a tant affectionnées durant ses quatre ans à la tête de la diplomatie de la première puissance mondiale.

Ce retour effectif de Mme Clinton pour encore quelques semaines de travail vient clore une parenthèse inédite d'un mois d'absence de la scène publique en raison d'une succession d'ennuis de santé qui l'ont conduit à passer le Nouvel An à l'hôpital.

La secrétaire d'État âgée de 65 ans a été hospitalisée du 30 décembre au 3 janvier à New York pour traiter un caillot de sang détecté dans une veine entre le cerveau et le crâne. Soignée avec des anticoagulants, les médecins lui ont prédit un rétablissement complet.

Le département d'État a communiqué à plusieurs reprises depuis début décembre sur l'état de santé de ce pilier du gouvernement américain, mais sans dissiper toutes les interrogations face à une absence aussi longue.

400 jours cumulés passés à voyager

Son conseiller Philippe Reines avait d'abord annoncé le 9 décembre que Mme Clinton avait attrapé un «virus gastrique» l'obligeant à annuler une tournée en Afrique du Nord. Une semaine plus tard, ce même conseiller et des médecins avaient révélé une «commotion cérébrale» après un «évanouissement» dû à une «forte déshydratation». M. Reines avait ensuite annoncé le 30 décembre la «thrombose» et l'hospitalisation de la ministre, avant que ses médecins ne diffusent de brefs bulletins de santé.

Mme Clinton n'avait bien sûr pas pu témoigner comme prévu le 20 décembre devant le Congrès à propos de l'attentat contre le consulat américain de Benghazi le 11 septembre 2012. Cette attaque, qui a coûté la vie à l'ambassadeur des États-Unis en Libye, a déclenché une tempête politique à Washington, le département d'État ayant été brocardé pour des «ratés» en matière de sécurité.

L'opposition républicaine réclame l'audition de Mme Clinton et en fait même une condition pour approuver au Sénat la nomination de son successeur John Kerry.

Victoria Nuland a répété lundi que la secrétaire d'État «témoignera» devant le Congrès avant que M. Kerry ne la remplace officiellement, c'est-à-dire probablement quelques jours après la prestation de serment du président Barack Obama les 20 et 21 janvier et la reprise des sessions parlementaires.

Les dernières semaines du mandat de Mme Clinton viennent refermer quatre années durant lesquelles elle a inlassablement défendu la politique étrangère du président Obama: avec près de 400 jours cumulés passés à voyager, plus de 1,5 million de km parcourus en avion et 112 pays visités, elle détient le record absolu de tous les secrétaires d'État de l'histoire des États-Unis.

Elle s'était elle-même déclarée il y a quelques mois «épuisée» par le rythme effréné qu'elle a suivi depuis janvier 2009, assurant vouloir «reprendre une vie privée». Mais compte tenu de sa très grande popularité, le tout-Washington est convaincu qu'elle sera candidate à la présidentielle de 2016.