Barack Obama doit annoncer lundi la nomination de l'ancien sénateur républicain Chuck Hagel à la tête du Pentagone au grand dam de plusieurs élus de l'opposition, augurant de vifs débats pour la confirmation de ce franc-tireur par le Sénat.

Barack Obama rendra officielle lundi la nomination de cet ancien sénateur de 66 ans comme successeur de Leon Panetta à la tête du ministère de la Défense américaine, a confié dimanche une source démocrate.

La rumeur qui circulait depuis plusieurs semaines avait été relayée par plusieurs médias américains, dont CNN et le Washington Post.

Le président américain devrait également nommer le successeur de David Petraeus à la tête de la CIA. Michael Morell, l'actuel directeur par interim de l'agence de renseignement, ainsi que John Brennan, le principal conseiller pour la sécurité intérieure à la Maison-Blanche, font figures de favori pour succéder à David Petraeus démissionnaire après avoir admis une relation adultère.

M. Hagel est actuellement président du conseil sur le renseignement, dépendant de la Maison-Blanche, après avoir représenté le Nebraska à la chambre haute du Congrès de 1997 à 2009. C'est aussi un ancien combattant de la guerre du Vietnam, titulaire de prestigieuses décorations.

Républicain modéré, il est connu pour ne pas avoir toujours adhéré aux positions dominantes de son parti en matière de politique étrangère, critiquant notamment la stratégie de l'ancien président George W. Bush en Irak.

Plusieurs poids-lourds de son propre parti organisent depuis des semaines un tir de barrage contre cet homme à la réputation de franc-tireur qu'ils accusent de ne pas faire preuve d'un soutien indéfectible à Israël ou encore de s'opposer aux sanctions contre Téhéran.

L'influent sénateur républicain Lindsey Graham a affirmé dimanche sur CNN que M. Hagel «serait le secrétaire à la Défense le plus hostile à Israël de toute l'histoire des États-Unis».

Il s'agirait pour lui d'un «choix incroyablement controversé», laissant entendre néanmoins que Chuck Hagel pourrait «rétablir le tir» lors de son audition devant le Sénat.

Mitch McConnell, chef de la minorité réublicaine à la chambre haute, a également signifié dimanche sur ABC qu'il attendait beaucoup de l'audition. «Je vais attendre de voir comment se déroule l'audition pour décider si les opinions de Chuck entrent dans le cadre du poste auquel il devrait être nommé».

Barack Obama qui est rentré dimanche de vacances à Hawaii n'aura besoin, en cas d'obstruction parlementaire, que de quelques voix républicaines supplémentaires pour que son choix soit confirmé par le Sénat.

La nomination de ministres peut se transformer en bras de fer entre la Maison-Blanche et le Sénat qui a le pouvoir de confirmer ou de rejetter des candidats.

Une fronde menée par le sénateur John McCain a notamment abouti à l'élimination en décembre de la candidature de l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Susan Rice, pour succéder à Hillary Clinton à la tête du département d'État. Le président Obama avait été contraint de renoncer à son premier choix, se reportant sur John Kerry comme prochain chef de la diplomatie américaine.