Lisa P. Jackson a annoncé hier son départ du cabinet de Barack Obama, quatre ans après sa nomination à la tête de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA).

Mme Jackson, 50 ans, n'a pas indiqué pourquoi elle quittait ses fonctions. Dans un communiqué, elle a affirmé être prête pour de «nouvelles occasions de faire une différence».

La droite incarnée par le Tea Party avait étiqueté Mme Jackson comme une perfide destructrice d'emplois, au point que plusieurs candidats à l'investiture républicaine avaient promis de supprimer l'EPA, pourtant créée par Nixon, un républicain.

De nouvelles normes

Sous la gouverne de Mme Jackson, une ingénieure chimiste, l'EPA a réussi à imposer de nouvelles normes de pollution pour les automobiles et les centrales au charbon.

Ces deux mesures auront un impact déterminant sur la qualité de l'air, y compris au Québec, et sur les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis.

Mme Jackson a aussi obtenu la confirmation devant les tribunaux que son agence avait le droit de réglementer les émissions de gaz carbonique (CO2) et que celui-ci est bel et bien un polluant.

En théorie, cela pourrait ouvrir la porte à une action plus vigoureuse de l'administration américaine dans le domaine des changements climatiques. Mais on s'attend à ce que le successeur de Mme Jackson soit plus conciliant avec l'industrie.

La nouvelle sénatrice du même État, Heidi Heitkamp, une étoile montante du Parti démocrate proche de l'industrie pétrolière et gazière, a d'ailleurs souhaité publiquement le départ de Mme Jackson.

Pour succéder à Mme Jackson, on avance entre autres le nom de l'ex-sénateur du Dakota-du-Nord, Kent Conrad.

«Jihad réglementaire»

Hier, le blogue Green du New York Times rappelait qu'en septembre 2011, elle avait songé à démissionner quand le président Obama l'avait sommée d'abandonner son projet de réglementer plus sévèrement la pollution à l'ozone.

Ce gaz est une composante essentielle du smog. Mme Jackson citait des avis scientifiques montrant qu'une norme plus sévère serait bénéfique pour la santé, en particulier celle des enfants.

La décision présidentielle avait été applaudie par l'industrie et le parti républicain. Un responsable de l'industrie du charbon avait même qualifié le projet de Mme Jackson de «jihad réglementaire». Une nouvelle norme plus sévère aurait ralenti les projets industriels partout au pays.

Hier sur Twitter, l'influent militant écologiste Bill McKibben a salué Mme Jackson, «un grand esprit et une grande combattante». «Elle sera à l'extérieur et dans un certain sens, je suis content qu'elle retrouve sa liberté!»