L'ombre de la secrétaire d'État Hillary Clinton, malade et invisible depuis 15 jours, planait jeudi sur le Congrès, qui auditionnait ses deux adjoints défendant leur département d'État critiqué pour ses «ratés» lors de l'attaque du consulat de Benghazi le 11 septembre.

Les secrétaires d'État adjoints William Burns et Thomas Nides ont remplacé au pied levé leur patronne pour des auditions fleuves devant les commissions des Affaires étrangères du Sénat, à majorité démocrate, et de la Chambre des représentants, à majorité républicaine.

D'entrée, M. Burns a exprimé devant la commission du Sénat «à quel point la secrétaire d'État Clinton regrettait de ne pas pouvoir être là aujourd'hui». Le président de cette commission, le sénateur John Kerry - candidat démocrate à la présidentielle de 2004 et probable successeur de Mme Clinton - lui a souhaité «un prompt rétablissement» de son «sérieux virus».

La chef de la diplomatie américaine était censée venir s'expliquer devant les deux chambres sur les mesures de sécurité au consulat américain de Benghazi, en Libye, attaqué le 11 septembre par des miliciens islamistes affiliés à Al-Qaïda.

Cet attentat terroriste aux explosifs et armes de guerre a coûté la vie à quatre agents américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens.

Mme Clinton avait assuré mi-octobre qu'elle assumait la responsabilité» des conséquences de cette attaque.

Mais ce pilier de l'administration du président Barack Obama est souffrante et privée de toute activité publique depuis le 7 décembre. Elle travaille officiellement depuis son domicile.

Le département d'État avait révélé le week-end dernier que Mme Clinton, 65 ans, avait été victime d'une «commotion cérébrale» après s'être «évanouie» la semaine passée à la suite d'une «forte déshydratation». Une semaine plus tôt, elle avait attrapé un «méchant virus gastrique» de retour d'Europe.

Ses médecins lui ont conseillé mercredi de ne pas reprendre, avant «la mi-janvier», les longues tournées diplomatiques en avion qu'elle affectionne aux quatre coins de la planète.

«Des ratés et des carences»

Mme Clinton doit de toute façon quitter son poste après la prestation de serment de Barack Obama les 20 et 21 janvier, au terme de quatre années à servir la politique étrangère du chef de l'État.

Mais sa toute fin de mandat restera marquée par l'«affaire Benghazi» qui a déclenché une tempête politique entre le gouvernement démocrate et l'opposition républicaine.

Mardi, le rapport d'une commission «indépendante» - un Comité de révision de la politique gouvernementale (ARB) - a épinglé le département d'État pour «des ratés et des carences (...) qui ont conduit à mettre en place un dispositif de sécurité (au consulat de Benghazi) largement inadéquat pour faire face à l'attaque» du 11 septembre.

En réponse, le patron de la puissante Sûreté diplomatique, la force de l'ordre qui assure la sécurité de tout le réseau diplomatique et consulaire américain, a démissionné mercredi et trois de ses collègues ont été relevés de leurs fonctions.

Le ministre Burns a admis devant le Sénat que le rapport de l'ARB pointait des «problèmes graves et inacceptables» au sein du département d'État, «des problèmes dont nous sommes responsables et que nous avons commencé à régler».

Pour ce faire, l'ARB réclame une rallonge budgétaire de 2,3 milliards de dollars sur dix ans afin de renforcer la sécurité du premier réseau diplomatique et consulaire du monde. Le département d'État entretient 275 postes et fait travailler quelque 60 000 personnes.

Mais, comme l'a rappelé le secrétaire d'État adjoint Nides, ce ministère des Affaires étrangères ne représente que 1 % du budget fédéral américain et moins de 10 % des 650 milliards de dollars dévolus chaque année au Pentagone.