Il ne reste que 13 jours, l'accord est à portée de main, mais Barack Obama et le chef républicain John Boehner butent encore sur la question des impôts des riches, seul vrai obstacle à un compromis pour éviter le «mur budgétaire» de fin d'année.

Le deux hommes négocient seul à seul, sans ingérence du reste des élus de Washington, qui ont annulé leurs vacances et ne peuvent qu'observer à distance les discussions privées, dont ils sont mis au courant occasionnellement. Mais bien que les «lignes de communications restent ouvertes», comme le répètent chaque jour les collaborateurs des deux hommes, ils ne se sont pas parlés depuis lundi.

A la place, ils prennent l'opinion publique à témoin, Barack Obama allant jusqu'à dire qu'après la tuerie de l'école de Newtwon, les Américains méritaient mieux qu'une énième stratégie de la corde raide.

«Si la semaine passée a montré quelque chose, c'est qu'il fallait prendre de la hauteur», a-t-il déclaré mercredi dans une conférence de presse consacrée aux ventes d'armes à feu, mais que le président a laissé déborder sur les négociations budgétaires.

«J'ai fait au moins la moitié du chemin pour satisfaire les inquiétudes des républicains», a-t-il plaidé. «Il est difficile pour eux de me dire oui, à moi. Mais passé un certain point, il faut qu'ils arrêtent de penser à moi et qu'ils pensent à leurs électeurs».

Millionnaires

Deux heures plus tard, depuis le Capitole, c'est John Boehner qui tentait de prouver la mauvaise volonté du président.

«J'espère que le président fera preuve d'un peu de sérieux pour travailler avec nous sur une approche équilibrée», a répondu le président de la Chambre des représentants dans une intervention de 56 secondes.

De fait, les deux hommes ont chacun cédé du terrain. Spectaculairement, le tabou des hausses d'impôts a été brisé chez les républicains: John Boehner a proposé une augmentation du barème fiscal sur les revenus supérieurs à un million de dollars.

Le président exigeait que le seuil d'augmentation des impôts soit de 250.000 dollars pour un couple marié, soit 2% des Américains les plus fortunés. Il a accepté de monter jusqu'à 400.000 dollars.

«Si leur argument est de dire qu'on ne peut pas augmenter le barème des gens qui gagnent 700.000 ou 800.000 dollars par an, je ne suis pas convaincu», a martelé Barack Obama.

Au risque d'enflammer sa base, le démocrate a accepté une réduction des dépenses publiques plus draconienne que dans son plan initial. Les pensions de retraite seraient revalorisées moins vite qu'actuellement. Mais les républicains attendent plus de coupes budgétaires.

«Il reste encore quelques détails à ajuster ici et là, quelques différends, mais vous savez, on y est presque», a pourtant affirmé le président, en confiant: J'aimerais qu'on y arrive avant Noël».

Pour afficher leur volontarisme, les républicains voteront jeudi sur leur «plan B» d'augmentation des impôts sur les seuls millionnaires. Le plan n'a aucune chance de passer au Sénat, contrôlé par les démocrates, et Barack Obama a promis d'y opposer son veto.

Tous les ménages bénéficient aujourd'hui de taux d'imposition réduits, votés dans les années 2000 et qui expirent légalement le 31 décembre. Toute la classe politique souhaite en épargner la majorité des Américains.

Outre ces hausses du 1er janvier, un rabotage automatique des dépenses publiques interviendra le 2 janvier, selon une loi de réduction du déficit abyssal votée en 2011 et que tous semblent regretter. Leur combinaison, surnommée «mur budgétaire», retirera de l'économie des centaines de milliards de dollars, au risque de provoquer une nouvelle récession.

Le compromis, s'il est signé entre MM. Obama et Boehner, devra ensuite être voté à toute vitesse dans les deux chambres du Congrès, où l'aile conservatrice du parti républicain et l'aile gauche du parti démocrate ont déjà fait savoir qu'ils n'aimaient guère ce qui se tramait entre le président et le négociateur républicain.