Après «le manifestant» en 2011 en hommage au Printemps arabe, l'hebdomadaire américain Time a désigné mercredi comme «personne de l'année 2012» le président des États-Unis Barack Obama, réélu en novembre et qui avait déjà reçu ce titre en 2008.

Le président américain, également prix Nobel de la Paix 2009, gagne ce titre devant la jeune pakistanaise Malala, devenue symbole mondial de la lutte contre l'extrémisme religieux, et le PDG du groupe informatique américain Apple Tim Cook.

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Son visage en Une du magazine est photographié de profil, dans l'ombre, l'air grave, et la couleur qui domine est le noir. Il est accompagné d'une simple légende : «président Barack Obama».

«Nous sommes au coeur de changements historiques d'un point de vue culturel et démographique, et Barack Obama est à la fois le symbole et d'une certaine manière l'architecte de cette nouvelle Amérique», estime le prestigieux magazine.

«En 2012, il a créé et forgé une nouvelle majorité, transformé des faiblesses en opportunités et cherché, au milieu d'une grande adversité, à rassembler le pays», poursuit Time sur son site internet.

«Si sa victoire en 2008 a été extraordinaire, celle de 2012 est la confirmation que le changement démographique est là», explique Richard Stengel directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, en notant que 40 % des gens de la génération d'Obama ne sont pas blancs.

Le président Obama a montré que les minorités, les Hispaniques, les jeunes, les femmes, «ne sont pas seulement l'avenir, mais aussi le présent» de l'Amérique, souligne le journaliste, en rappelant qu'il était «le premier président à adopter le mariage gai et à offrir des permis de travail à beaucoup de jeunes immigrants sans papiers».

Obama est aussi le premier président démocrate depuis Franklin Roosevelt (1933-1945) à remporter deux élections consécutives avec plus de 50 % des voix, et le premier président depuis 1940 à être réélu avec un taux de chômage qui tend à 7,5 %, plaide le magazine.

Le deuxième prix du magazine revient à la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, une adolescente pakistanaise qui a survécu par miracle à un attentat des talibans et est aujourd'hui hospitalisée au Royaume-Uni. Militante pour le droit à l'éducation des filles, elle est devenue un symbole mondial de la lutte contre l'extrémisme religieux.

Les autres primés sont le président d'Apple Tim Cook (3e prix), le nouveau président égyptien Mohamed Morsi (4e), et la physicienne Fabiola Gianotti.

En 2011, en hommage aux millions de contestataires qui avaient envahi les rues de nombreux pays du Proche-Orient à la Russie en passant par les États-Unis, Time avait désigné «le manifestant» comme sa «personne de l'année».

Depuis 1927, les présidents américains ont été systématiquement distingués par le magazine, comme aussi l'ex-président de Microsoft Bill Gates. Dans le passé, le magazine a aussi nommé des personnages de sinistre mémoire, comme Adolf Hitler en 1938 et Joseph Staline en 1939 et en 1942.

Mais depuis que le leader de la révolution islamiste en Iran l'ayatollah Khomeini a fait la Une du Time 1979, le magazine a été plus timide à primer des personnages controversés.

Le fondateur d'Al-Qaïda Oussama ben Laden par exemple n'a jamais été désigné comme «personne de l'année» depuis les attentats du 11 septembre 2001.