L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Susan Rice a renoncé à briguer la succession de Hillary Clinton au département d'État, a annoncé jeudi la Maison-Blanche, prenant acte du rejet républicain de cette responsable mise en cause dans l'affaire de Benghazi.

Le président Barack Obama, proche de Mme Rice, a dit avoir pris acte de cette décision mais dénoncé les attaques «injustes» contre celle qui restera, a-t-il précisé, à la tête de la représentation américaine aux Nations unies, un poste qu'elle occupe depuis 2009.

M. Obama, dans un communiqué, a expliqué avoir parlé jeudi à Mme Rice et avoir «accepté sa décision de ne plus être candidate au poste de secrétaire d'État». Il a salué une haute fonctionnaire «extraordinairement capable, patriote et passionnée».

Mme Rice avait été la cible de critiques acerbes de parlementaires républicains - dont les voix auraient été nécessaires pour entériner sa nomination au Sénat - en raison de ses prises de position dans les médias juste après l'attaque meurtrière contre le consulat américain de Benghazi en Libye le 11 septembre.

Ces élus soupçonnaient Mme Rice et la Maison-Blanche d'avoir délibérément cherché à tromper les Américains, pour ne pas ternir le bilan de M. Obama quelques semaines avant l'élection présidentielle du 6 novembre, sur le caractère terroriste de cette attaque.

M. Obama a de fait dit «profondément regretter les attaques injustes et trompeuses contre Susan Rice ces dernières semaines».

Dans une lettre à M. Obama dont l'AFP a obtenu copie, Mme Rice a expliqué sa décision par le fait que sa nomination aurait donné lieu à un processus de confirmation «qui aurait traîné en longueur, été perturbant et coûteux (...) pour nos priorités nationales et internationales les plus urgentes».

John Kerry, candidat idéal

«L'ambassadeur Susan Rice a été un partenaire indispensable durant les quatre dernières années, nous avons travaillé étroitement ensemble (...) Pour le Conseil de sécurité nationale, le département d'État et les Nations unies, Susan a travaillé sans relâche pour promouvoir nos valeurs et les intérêts de notre nation. J'ai confiance dans le fait qu'elle va continuer à représenter les États-Unis avec force et habileté», a réagi Hillary Clinton.

Ce développement spectaculaire permet à M. Obama de refermer un front avec ses adversaires, au moment où il doit déjà négocier avec le chef des républicains de la Chambre, John Boehner, un compromis budgétaire pour éviter une cure d'austérité forcée au pays, jusqu'ici programmée pour le 1er janvier.

Mme Rice avait déclaré le 16 septembre sur les télévisions américaines que l'attaque contre le consulat de Benghazi, qui a coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur Christopher Stevens, n'était «pas forcément un attentat terroriste», mais résultait plutôt d'une «manifestation spontanée ayant dégénéré».

Près d'une centaine d'élus républicains avaient écrit à M. Obama pour le dissuader de nommer Mme Rice, qui selon eux «sur l'affaire Benghazi (...) a trompé les Américains, soit délibérément soit par incompétence».

Plusieurs ministres de premier plan de M. Obama ont fait part de leur volonté de ne pas servir sous son second mandat qui commencera le 20 janvier: outre Mme Clinton, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et le chef du Pentagone, Leon Panetta sont donnés partants.

Le retrait de Susan Rice ouvre la voie à la nomination par Barack Obama de l'ancien candidat à la présidentielle John Kerry, actuel président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Son nom recueille l'approbation de nombreux républicains, qui voient en lui le candidat idéal et le font savoir depuis plusieurs semaines.