Le juge John J. Sirica a aidé les plaignants à remonter la trace de la connexion entre la Maison-Blanche et l'entrée par effraction au sein du quartier général du Parti démocrate dans les bâtiments du Watergate, en 1972, en offrant au procureur spécial des informations provenant d'un rapport de probation, dans lequel l'un des cambrioleurs affirme avoir agi sous les ordres de hauts responsables de l'administration Nixon, selon des documents déclassifiés publiés vendredi par les Archives nationales américaines.

Une nouvelle transcription d'une rencontre entre M. Sirica, le juge de Cour de district en charge de l'affaire, et celui qui était alors le procureur extraordinaire en juillet 1973, Archibald Cox, démontre que le juge a révélé des rapports de probation secrets indiquant que Howard Hunt avait mentionné des ordres provenant de responsables haut placés au sein de l'administration Nixon. Plusieurs des codéfendants de M. Hunt avaient précédemment nié toute implication de la Maison-Blanche lors de témoignages en cour, et M. Sirica a révélé à M. Cox et à d'autres procureurs qu'il croyait que cette nouvelle information «semblait importante à ses yeux».

Le gouvernement américain a divulgué plus de 850 pages de documents provenant du scandale politique du Watergate, offrant de nouvelles perspectives sur les conversations judiciaires privilégiées et les évaluations réalisées en prison de plusieurs cambrioleurs impliqués dans l'affaire. Un juge fédéral a décidé, plus tôt ce mois-ci, de retirer les sceaux d'une partie de la documentation disponible, mais d'autres informations sont toujours inaccessibles.

Ces dossiers ne semblent pas offrir de nouvelles révélations importantes à propos de cette affaire vieille de 40 ans qui a mené à la démission du président Richard Nixon, et aux poursuites contre plusieurs de ses principaux conseillers politiques et adjoints à la Maison-Blanche. Les informations permettent toutefois aux historiens de remettre certains événements en contexte, en révélant les délibérations privées du juge Sirica, ainsi que celles des procureurs et des avocats de la défense.

Les documents proviennent de la poursuite contre les cinq défendeurs arrêtés lors du cambriolage au Watergate, en juin 1972, et contre deux autres hommes, M. Hunt et Gordon Liddy, qui ont été accusés d'être les chefs de l'équipe des cambrioleurs. Les sept hommes ont été reconnus coupables.

Lors des conversations entre MM. Cox et Sirica, le procureur spécial s'est dit d'accord avec les inquiétudes du juge, à propos du fait que le rapport de probation devrait être mis sous scellés, et l'a remercié pour cette information. M. Cox a ensuite promis que son équipe ne divulguerait pas cette information à moins que la poursuite n'en ait besoin, et ne requiert une audience pour la rendre publique.

L'ancien avocat de la Maison-Blanche sous Nixon John Dean, qui a coopéré avec les procureurs et a témoigné contre le président lors d'une audience du Congrès en juin 1973, a déclaré vendredi qu'après avoir examiné certaines des informations récemment divulguées, il croyait que le juge Sirica «avait été très agressif pour un juge, bien plus que ce qu'en savait la Maison-Blanche à l'époque. Personne dans l'administration Nixon ne savait exactement ce qu'il préparait». M. Dean a ajouté qu'alors que le zèle du juge en matière d'enquêtes étaient bien connu, ses arrangements avec M. Cox et d'autres procureurs «offraient une nouvelle perspective».

Le juge de district Royce Lamberth a ordonné, plus tôt ce mois-ci, la divulgation de ces informations après une requête déposée par Luke Nichter, un professeur d'une université texane. Ce dernier a écrit au juge en 2009, lui demandant de publier ces documents. M. Lambert a empêché la sortie d'autres informations, mais s'est dit d'accord pour demander au département de la Justice les raisons expliquant le maintien au secret de ces documents.