Des comptes-rendus sur l'attaque du consulat américain de Benghazi en Libye transmis aux responsables du gouvernement américain ont été modifiés par les services de renseignement, mais pas par la Maison-Blanche, a rapporté mardi la chaîne CNN au moment où Barack Obama est accusé par les républicains d'avoir dissimulé le «caractère terroriste» de l'attaque.

Ce sont des responsables du renseignement, et non de la Maison-Blanche et des départements d'État et de la Justice, qui ont modifié des comptes-rendus transmis aux personnes s'exprimant publiquement sur l'attaque de Benghazi, a affirmé Shawn Turner, le porte-parole du patron du renseignement américain James Clapper, cité par CNN.

«La communauté du renseignement a réalisé des changements substantiels et analytiques avant que ces comptes-rendus soient envoyés aux collaborateurs d'organismes gouvernementaux pour les tenir informés», a expliqué Shawn Turner.

«Il n'y a pas eu de changements substantiels après qu'ils eurent quitté la communauté du renseignement», a-t-il ajouté.

Le 11 septembre dernier, quatre Américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens, avaient été tués dans l'attaque des deux complexes diplomatiques de Benghazi en Libye.

Le 16 septembre, l'ambassadeur américain auprès de l'ONU, Mme Susan Rice, déclarait sur les télévisions américaines que cette attaque n'était «pas forcément un attentat terroriste», mais résultait plutôt d'une «manifestation spontanée ayant dégénéré», des propos qui avaient déclenché une tempête politique.

Les élus républicains accusent depuis à demi-mot Barack Obama, alors en pleine campagne présidentielle, d'avoir dissimulé le «caractère terroriste» de l'attaque pour ne pas ternir son bilan contre Al-Qaïda.

Entendu vendredi par les commissions du Renseignement du Congrès, l'ancien chef de la CIA, David Petraeus, a expliqué qu'il avait rapidement su que des miliciens liés à Al-Qaïda étaient impliqués dans l'attaque du consulat.

Et selon M. Petraeus, dont les propos ont été rapportés par le républicain Pete King, les références spécifiques à Al-Qaïda transmises par la CIA au gouvernement ont été supprimées des comptes-rendus communiqués au public, mais il en ignore la raison.

L'enjeu politique de l'affaire est de taille, au moment où le président américain envisagerait de remplacer la secrétaire d'État Hillary Clinton par Susan Rice.