Le président Barack Obama a atterri dimanche à Bangkok, première étape d'une tournée asiatique qui le mènera dès lundi en Birmanie à qui il a demandé de poursuivre les réformes, rejetant les critiques de ceux qui jugent prématuré son soutien au régime.

Le chef de l'État va devenir le premier président américain en exercice à se rendre à Rangoun, l'ancienne capitale d'un pays il n'y pas si longtemps honni pour la dureté de son régime militaire et désormais engagé dans un authentique processus de démocratisation.

Un rendez-vous avec l'Histoire que certains groupes de défense des droits de l'Homme jugent prématuré, mais qu'Obama a défendu, expliquant que sa visite ne constituait pas un blanc-seing au gouvernement du président Thein Sein.

Si le pouvoir a montré une «volonté claire de mener de nouvelles réformes» politiques, «je ne pense pas que quiconque soit dans l'illusion que la Birmanie y soit déjà parvenue», a-t-il relevé. Le président américain a estimé que sa visite était une manière de «reconnaître qu'il se passe quelque chose (...) que personne n'avait imaginé».

Le président fraîchement réélu est arrivé en début d'après-midi en Thaïlande après 19 heures de vol.

Après une brève visite du Wat Pho, l'un des plus beaux temples de la capitale, il a été reçu avec la secrétaire d'État Hillary Clinton par le roi Bhumibol Adulyadej, plus ancien monarque en exercice dans le monde, révéré par beaucoup de ses sujets et considéré, à 84 ans, comme l'un des piliers de l'unité du pays.

Il s'est ensuite entretenu avec la Première ministre Yingluck Shinawatra, notamment de la lutte contre le trafic de stupéfiants et le terrorisme.

Il doit se rendre lundi soir à Phnom Penh au terme de sa courte étape birmane, pour assister au sommet de l'Asie de l'Est. Avant de rentrer aux États-Unis où l'attend un agenda intérieur particulièrement chargé.

Lors de son premier mandat, Obama a fait de l'Asie-Pacifique le «pivot» de sa diplomatie, supposant une plus grande coopération militaire avec ses alliés de la région et un redéploiement de la plus grande partie de la flotte américaine vers l'Océan Pacifique d'ici 2020.

Il a donc logiquement choisi l'Asie du Sud-est pour son premier voyage depuis sa réélection, et son cinquième sur le continent depuis sa prise de fonction en 2009, dans un contexte tendu par les ambitions territoriales chinoises.

À commencer par la Thaïlande, le partenaire historique qui avait offert des éléphants à Abraham Lincoln pendant la Guerre civile américaine.

Un coup d'État militaire en 2006 avait conduit les Américains à suspendre pendant un an les relations militaires avec Bangkok, qui dataient de l'époque de la guerre de Corée.

Mais l'atmosphère est aujourd'hui excellente. «Les alliés constituent la pierre angulaire de nos efforts de rééquilibrage en Asie», a expliqué Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité du président, notant que ce rééquilibrage asiatique constituerait «une partie cruciale du second mandat du président et en fin de compte son héritage en matière de politique étrangère».

Les bases aériennes et ports de Thaïlande sont vitaux pour le réseau militaire américain, et le Pentagone y mène chaque année des exercices, dont l'opération «Cobra Gold» qui a impliqué l'an dernier 13.000 soldats de 24 pays.

Pour la première fois, la Birmanie pourrait y être invitée en tant qu'observateur l'an prochain, un signe parmi d'autres du rapprochement entre les États-Unis et ce pays asiatique.

À Rangoun, Obama doit rencontrer son homologue Thein Sein, qui a multiplié les réformes depuis la dissolution de la junte en mars 2011, et l'opposante Aung San Suu Kyi, dont le nouveau statut de députée est l'un des symboles des changements spectaculaires en cours.

Il prononcera ensuite un discours à l'université de Rangoun, haut lieu des mouvements étudiants à l'origine notamment des émeutes de 1988. La dure répression qui avait suivi avait entraîné l'isolement international de la Birmanie pendant deux décennies.