Le président Barack Obama a prévenu que des «compromis difficiles» seraient nécessaires pour résoudre l'impasse budgétaire des États-Unis d'ici à la fin de l'année, au début de pourparlers vendredi matin à la Maison-Blanche avec les chefs de file du Congrès.

«Il nous faudra faire en sorte de coopérer, de travailler ensemble, de trouver un terrain d'entente, de faire des compromis difficiles et de parvenir à un certain consensus», a déclaré M. Obama face aux journalistes en entamant ces négociations censées éviter le «mur budgétaire» qui menace la première économie mondiale.

Cette expression recouvre l'entrée en vigueur automatique de coupes dans les dépenses publiques et de hausses d'impôts pour tous les ménages début 2013, conséquence - potentiellement funeste pour la reprise économique - de l'expiration de mesures temporaires.

«Nous savons tous que nous avons une tâche urgente», a noté M. Obama, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, à ses côtés dans la salle Roosevelt, à quelques mètres du Bureau ovale.

Le patron de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, le chef de la minorité républicaine dans cette assemblée, Mitch McConnell, ainsi que la dirigeante de la minorité démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, participaient également à cette séance de pourparlers, outre le vice-président Joe Biden et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner.

«Nous devons nous assurer que les impôts n'augmenteront pas pour la classe moyenne et que notre économie restera solide et créera des emplois, c'est un programme avec lequel les démocrates, les républicains et les indépendants de tout le pays sont d'accord», a estimé le président américain.

«J'espère que ce sera un processus fructueux qui débouchera sur un accord qui réduira notre déficit de façon équilibrée», a-t-il encore dit.

La piste des niches fiscales

Il s'agissait des premières retrouvailles entre M. Obama et le Congrès depuis que le président a remporté un second mandat de quatre ans, le 6 novembre. Mais les rapports de force du pouvoir législatif sont restés les mêmes: Sénat aux alliés de M. Obama, Chambre aux républicains.

M. Obama, lors d'une conférence de presse mercredi, s'était dit ouvert au «compromis» mais avait prévenu qu'il refuserait de transiger sur la fin des exonérations fiscales dont bénéficient les plus riches, héritage des mandats de son prédécesseur George W. Bush.

Pour le président, sa victoire face au républicain Mitt Romney a validé sa conception «équilibrée» qui veut qu'un accord sur le budget comprenne à la fois des coupes dans les dépenses et des rentrées fiscales supplémentaires.

Le Sénat a déjà donné son accord à un tel plan, et il deviendrait loi si jamais les républicains de la Chambre finissaient par l'accepter, après l'avoir rejeté jusqu'ici au nom de leur refus d'augmenter les impôts pour quiconque.

Parmi les pistes envisagées pour augmenter les rentrées sans formellement relever les taux d'imposition, figurent la suppression ou le plafonnement de niches fiscales, mais nombre de ces dernières sont populaires et aucun camp n'a détaillé lesquelles il envisageait de liquider.

L'âge auquel les Américains peuvent bénéficier de l'assurance-maladie publique (Medicare), aujourd'hui de 65 ans, pourrait aussi faire l'objet de négociations.

Depuis que les républicains se sont installés en force au Congrès il y a deux ans, de multiples crises budgétaires ont éclaté avec l'exécutif démocrate, dont une en été 2011 qui a mis les États-Unis au bord du défaut de paiement et leur a coûté une dégradation de la note de leur dette souveraine par l'agence Standard and Poor's. Signe de la nervosité des opérateurs économiques au début de ces négociations, Wall Street était en légère baisse vendredi après un début de séance hésitant: le Dow Jones perdait 0,26% et le Nasdaq 0,31%.