Une semaine après sa réélection, le président américain Barack Obama n'a toujours rien dévoilé de sa «dream team» pour son second mandat, les spéculations allant bon train pour les postes clés des Affaires étrangères et de la Défense.

Avec Hillary Clinton et Leon Panetta donnés partants du département d'État et du Pentagone, Washington bruisse de rumeurs sur les nominations de l'ancien candidat à la présidentielle de 2004, le sénateur démocrate John Kerry, de l'ambassadrice à l'ONU Susan Rice ou du conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Thomas Donilon.

Le porte-parole du président Obama, Jay Carney, a coupé court à toute «spéculation», assurant mardi que «le président n'a(vait) pris aucune décision concernant des questions de personnes». M. Obama doit tenir une conférence de presse mercredi, mais il est très peu probable qu'il y annonce son prochain gouvernement.

La Maison Blanche a en outre fort à faire avec le double scandale à caractère sexuel qui a emporté le directeur de la CIA David Petraeus et qui éclabousse le général John Allen, commandant de la coalition en Afghanistan. Outre les postes à pourvoir de secrétaire d'État et de patron du Pentagone, M. Obama doit donc trouver un successeur à M. Petraeus, probablement son adjoint Michael Morell.

Pour succéder à Mme Clinton, que le New York Times a baptisée la secrétaire d'État «rock star», beaucoup de sénateurs et le magazine Foreign Policy verraient bien John Kerry. Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat n'a jamais caché son rêve de piloter le premier réseau diplomatique de la planète.

Mais ce vétéran du camp démocrate, qui aura 69 ans en décembre, a une concurrente de 20 ans sa cadette en la personne de Susan Rice. L'ambassadrice aux Nations unies, réputée pour son franc-parler, qui fut jeune conseillère à la Maison Blanche sous la présidence de Bill Clinton, est très proche du président Obama.

«Rice, directe quand il le faut»

Des journaux américains la donnent d'ores et déjà à la tête du département d'État.

Mme Rice a cependant pris des coups politiques avec l'affaire de Benghazi lorsqu'elle avait affirmé mi-septembre que l'attaque contre le consulat américain en Libye n'était pas «terroriste» mais résultait d'une manifestation «spontanée qui avait dégénéré».

Aux yeux du sénateur républicain Lindsey Graham, «Susan Rice passerait un très mauvais quart d'heure pour obtenir le feu vert du Sénat» à son intronisation. Pour le politologue Barry Pavel, du centre de réflexion Atlantic Council, «tout dépend de la quantité de capital politique que le président Obama veut dépenser sur une telle nomination». L'expert, qui a côtoyé Mme Rice à la Maison Blanche, apprécie «quelqu'un qui peut être à la fois diplomate et direct quand il le faut».

Si Mme Rice devait être secrétaire d'État, M. Kerry, qui a servi au Vietnam, se consolerait avec le Pentagone dirigé depuis l'été 2011 par M. Panetta, lequel, à 74 ans, souhaite prendre du repos, affirment le Washington Post et le New York Times.

M. Kerry incarne «un mélange de savoir et de prudence», résume l'analyste Christopher Preble du Cato Institute et apporterait une réflexion dépassionnée sur la politique étrangère des États-Unis, nourrie «des leçons apprises des guerres en Irak et en Afghanistan».

Mais l'équation avec M. Kerry est compliquée par les équilibres politiques au Sénat, où les démocrates sont majoritaires avec 55 sièges sur 100. S'il était nommé ministre, M. Kerry perdrait son poste de sénateur du Massachusetts, qui pourrait échoir à un républicain.

Si bien que pour diriger la Défense, la presse évoque aussi son ancienne numéro trois, Michèle Flournoy, ou Ash Carter, l'actuel numéro deux.

Pour départager ces poids lourds, M. Obama pourrait aussi proposer pour le département d'État son conseiller pour la sécurité nationale depuis 2010, Tom Donilon. Mais des experts jugent qu'il n'a pas la stature politique requise.