La guerre est déclarée sur l'affaire de Benghazi entre le président Barack Obama et les républicains du Congrès, dont l'ancien rival présidentiel John McCain, qui menacent de bloquer partiellement la formation du prochain gouvernement.

Dans les couloirs du Congrès, plusieurs élus républicains accusaient le gouvernement Obama de passivité ou d'incompétence lors de l'attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, le 11 septembre par des miliciens lourdement armés, et dans laquelle l'ambassadeur Christopher Stevens et trois autres Américains ont été tués.

John McCain a promis mercredi qu'il ferait «tout ce qui est nécessaire» et en son pouvoir «pour bloquer la nomination de Susan Rice», devenue la cible privilégiée des républicains dans l'affaire, et remplaçante pressentie d'Hillary Clinton au département d'État.

Actuelle ambassadrice aux Nations unies, elle avait déclaré le 16 septembre sur les télévisions américaines que l'attaque contre le consulat de Benghazi n'était «pas forcément un attentat terroriste», mais résultait plutôt d'une «manifestation spontanée ayant dégénéré» --ce que l'administration elle-même reconnaît aujourd'hui comme une interprétation fausse des événements.

Sa déclaration avait provoqué l'ire des républicains qui soupçonnent à demi-mot l'administration d'avoir cherché à dissimuler le caractère terroriste de l'attaque pour des raisons politiques.

Mais mercredi le président a vigoureusement défendu Mme Rice, qui, si nommée par M. Obama, devra recueillir un vote favorable au Sénat pour entrer en fonctions.

«Laissez-moi dire spécifiquement à propos de Susan Rice qu'elle a fait un travail exemplaire», a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse, ajoutant que «ternir sa réputation (était) révoltant».

Enquêtes parlementaires

Plusieurs commissions parlementaires mènent leurs propres auditions pour déterminer les failles de sécurité autour des complexes diplomatiques de Benghazi.

«Il est essentiel que le Congrès conduise sa propre enquête indépendante. Je veux être parfaitement clair: l'administration n'a aucune crédibilité, aux yeux de la plupart d'entre nous, concernant les multiples controverses et contradictions soulevées dans la gestion de cette affaire», a lancé John McCain.

«Pourquoi n'y avait-il pas de contingents prêts à intervenir le 11 septembre, malgré de nombreuses séries d'informations selon lesquelles une attaque était très probable, en particulier le 11 septembre?» s'est-il interrogé.

Accompagné de deux collègues, il a comparé l'affaire au scandale politique du Watergate, qui avait conduit le président Richard Nixon à la démission en 1974, après la découverte d'un système d'espionnage des locaux du parti démocrate dans l'immeuble du Watergate à Washington.

Le sénateur réclame la création d'une commission spéciale sur le modèle de celles qui avaient enquêté sur le Watergate et le 11-Septembre pour éclaircir les nombreuses ramifications de Benghazi, mais les démocrates ont le pouvoir de bloquer l'initiative.

L'ex-directeur de la CIA, David Petraeus, présentera finalement aux élus en personne ses conclusions sur l'attaque de Benghazi, malgré sa démission vendredi, sans que la date exacte ait été confirmée de part et d'autre.

Il n'est pas exclu que les auditions abordent aussi les circonstances confuses de la démission de M. Petraeus, dont l'ex-maîtresse et biographe Paula Broadwell a été en possession de documents confidentiels, selon des médias américains.

Photo: AP

Susan Rice