L'ancien chef de la CIA David Petraeus qui a démissionné en raison d'une liaison adultère est dévasté par cette affaire, de même que ses proches, selon un ami de la famille, alors que la pression montait lundi sur le FBI et l'administration Obama pour leur manque de communication.

«Il regrette (cette liaison) à beaucoup d'égards, je ne pense pas que qui que ce soit puisse imaginer comme ça l'a affecté lui, sa famille, et à un certain niveau le pays, parce qu'il occupait un poste qui réclamait un engagement total», a déclaré Steve Boylan, ami et ancien porte-parole de David Petraeus qui a pu lui parler durant le week-end.

«Il regrette son manque de discernement et son manque de discipline probablement plus qu'il ne pourrait l'expliquer avec des mots», a-t-il repris.

Selon M. Boylan, M. Petraeus a informé sa femme Holly, avec qui il est marié depuis 38 ans, avant que l'affaire ne soit rendue publique.

«Dire qu'elle est déçue et furieuse est un euphémisme», a souligné Steve Boylan.

Le couple a deux enfants qui sont maintenant adultes.

Leon Panetta, le secrétaire à la Défense et prédécesseur de M. Petraeus à la tête de la CIA, a estimé de son côté que le général avait «pris la bonne décision». «Je pense qu'il est très important quand vous êtes directeur de la CIA, avec tous les défis que vous devez relever, que vous ayez avant toute chose une intégrité personnelle», a-t-il dit.

Par ailleurs, des élus du Congrès veulent comprendre pourquoi ils n'ont pas été informés plus tôt, étant donné les atteintes possibles à la sécurité nationale. La CIA et la Maison-Blanche ont en effet mis quatre mois à les informer.

Volonté d'en tirer un bénéfice politique ou crainte d'un complot, certains élus républicains s'interrogent aussi sur la concomitance de cette démission avec les auditions à huis clos prévues cette semaine devant le Congrès sur l'attaque contre le consulat américain le 11 septembre à Benghazi (Libye).

L'affaire est source de polémique depuis deux mois et se focalise dorénavant sur la réaction de la CIA face à cette attaque.

David Petraeus devait témoigner, ce sera finalement le directeur adjoint de l'agence, Michael Morell, qui ira à sa place. Insuffisant, selon certains.

«Sécurité nationale»

Les propos équivoques tenus à Denver fin octobre par Paula Broadwell, l'amante de David Petraeus, risquent de relancer les interrogations sur ce que savait le directeur de la CIA. Et ce qu'il a pu dire à Mme Broadwell.

«Nous aurions dû être informés, il s'agit de quelque chose qui aurait pu avoir un effet sur la sécurité nationale», a regretté la présidente de la puissante commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein, a dit avoir découvert l'affaire le jour où elle a été rendue publique.

L'élue démocrate a promis d'enquêter sur l'action du FBI dans ce dossier.

D'après les éléments ayant filtré de sources anonymes dans la presse, tout a débuté au «début de l'été», quand le FBI a ouvert une enquête sur six courriers électroniques anonymes de menace envoyés à Jill Kelley, 37 ans, résidant à Tampa, en Foride.

Au cours de son enquête, le FBI a identifié Paula Broadwell comme l'auteur des courriels de menace. Sur la messagerie de la biographe du général, les agents fédéraux ont trouvé trace de conversations intimes avec David Petraeus.

La liaison entre la mère de famille de 40 et le général a débuté en novembre 2011, deux mois après la prise de fonction de David Petraeus à la CIA, et pris fin en juillet.

Les enquêteurs ont informé alors de leur découverte leur hiérarchie et le ministère de la Justice dont ils dépendent, mais ils en sont restés là et ont poursuivi leurs investigations.

Après avoir entendu Mme Broadwell et M. Petraeus, le FBI a estimé au vu des faits que le chef de la CIA n'avait commis aucun délit.

Ce n'est que le 6 novembre, jour de l'élection, que le supérieur de David Petraeus, le directeur national du renseignement (DNI) James Clapper, sera mis au courant. La Maison-Blanche le sera le lendemain.

Photo: AP

Jill Kelley