Le principal suspect de l'attentat contre le navire USS Cole a été autorisé mardi à se soustraire à l'audience de Guantanamo, après avoir refusé d'y assister pour « protester contre les chaînes » qui devaient selon lui l'entraver.    

Le Saoudien Abd-al-Rahim Nachiri a « refusé de venir aujourd'hui pour protester contre l'utilisation des chaînes », a déclaré au tribunal une officière de la prison de Guantanamo où il est incarcéré, précisant toutefois qu'on n'utilise pas de chaînes ventrales sur cette base américaine.

Après avoir consulté le prisonnier vers 6 h 30 mardi, cette militaire, qui a gardé l'anonymat, a indiqué que l'accusé avait inscrit cette phrase en arabe sur un document déclinant « son droit à être présent », selon la retransmission en léger différé des débats sur la base militaire de Fort Meade (Maryland).

Le défenseur Stephen Reyes a souligné que M. Nachiri « allait être enchaîné pour être conduit au tribunal. Il voulait venir, mais il a refusé » pour cette raison.

Estimant que « nulle part », le code des tribunaux militaires ne mentionnait le droit de l'accusé à être absent, le procureur en chef Mark Martins a requis la présence de M. Nachiri, dans un recours que le juge James Pohl a ensuite rejeté. Le juge a autorisé M. Nachiri à « renoncer à son droit à être présent » aux audiences préliminaires, à condition de venir « régulièrement » au tribunal afin d'en notifier l'autorité judiciaire.

« Je veux juste m'assurer qu'il comprend ses droits », a déclaré le juge, avant d'inviter les avocats de la défense à en informer immédiatement leur client. Il a ensuite suspendu les débats pour la journée.

Cette audience préliminaire, prévue pour durer jusqu'à jeudi à moins que la tempête tropicale Sandy qui doit toucher Guantanamo mercredi ne l'en empêche, est destinée à préparer le procès qui ne se tiendra pas avant plusieurs mois.

La semaine dernière devant ce même tribunal, les cinq accusés des attentats du 11 septembre 2001 avaient été autorisés de la même façon à se soustraire à l'audience et avaient ainsi boycotté tour à tour un à quatre jours d'audience.

Comme les accusés du 11-Septembre, M. Nachiri, qui encourt la peine de mort, aurait subi des mauvais traitements assimilés à de la torture dans une prison secrète de la CIA en Pologne, ce qu'avait admis le directeur de la CIA d'alors, Michael Hayden.

En juillet, le Saoudien avait choisi de ne pas venir à l'audience, après en avoir été exclu la veille pour des raisons de sécurité nationale.

« Il y a de nombreuses raisons dans une affaire de peine de mort pour qu'un accusé demande à ne pas assister » à l'audience, a souligné Me Reyes. Il a évoqué en particulier l'obligation « d'entendre jour après jour » l'évocation des « tortures » que son client a subies et « ses avocats détailler encore et encore ce que le gouvernement américain lui a fait endurer très précisément ».

« Ils ont besoin d'un acteur pour le théâtre », a encore plaidé l'avocat, qui réclame une expertise médicale des « dégâts émotionnels » sur M. Nachiri.

« Il y a un intérêt légitime à voir quelqu'un faire face à la justice pour des crimes graves », a rétorqué le général Martins, qui a dénoncé le caractère « trivial » de la remarque de l'avocat.

Considéré comme un proche d'Oussama ben Laden, M. Nachiri, 47 ans, est poursuivi pour l'attentat commis contre le navire américain USS Cole en 2000 au Yémen, qui avait fait 17 morts, et contre le pétrolier français MV Limburg qui avait fait un mort en 2002 à Aden.