La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a assuré lundi qu'elle « assumait la responsabilité » des conséquences de l'attaque du consulat américain à Benghazi, en Libye, une affaire qui provoque une tempête politique aux États-Unis avant la présidentielle.

L'administration américaine a reçu l'accord du Congrès pour allouer huit millions de dollars destinés à aider la Libye à créer une unité de troupes d'élite pour combattre les groupes extrémistes, selon le New York Times mardi.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Cette aide destinée à créer une force libyenne de 500 soldats sera prélevée sur les crédits servant aux opérations du Pentagone au Pakistan.

Dans des interviews accordées lundi soir aux télévisions américaines CNN et Fox depuis la capitale du Pérou, Lima, la chef de la diplomatie américaine a surtout voulu protéger le président démocrate Barack Obama et son vice-président Joe Biden des attaques du camp républicain du candidat Mitt Romney quant aux conditions de sécurité qui prévalaient autour du consulat de Benghazi avant l'attentat.

« J'assume la responsabilité » dans la gestion de cette attaque survenue le 11 septembre et qui a notamment coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens, a déclaré Mme Clinton, selon de courts extraits diffusés par CNN et Fox.

« J'ai la charge du département d'État (qui emploie) 60 000 personnes dans le monde entier, dans 275 postes » diplomatiques et consulaires et « le président et le vice-président n'auraient certainement pas connaissance de décisions prises par des professionnels de la sécurité », a affirmé la secrétaire d'État.

Elle a dit vouloir avant tout « éviter une sorte de piège politique ».

De fait, « l'affaire de Benghazi » secoue la scène politique américaine à l'approche de la présidentielle du 6 novembre.

Les républicains emmenés par leur candidat Mitt Romney reprochent au gouvernement démocrate du président Obama des failles en matière de sécurité et de renseignement avant l'assaut du consulat et brocardent leurs opposants pour avoir tardé à reconnaître qu'il s'agissait d'un « attentat terroriste » impliquant Al-Qaïda.

Le sénateur républicain John McCain, qui fut candidat malheureux contre M. Obama en 2008, a salué dans un communiqué le « geste louable » de Mme Clinton, « surtout quand la Maison-Blanche essaie d'échapper à toute forme de responsabilité ». Critiquant le président Obama, M. McCain a rappelé que la « sécurité des Américains en poste à l'étranger relevait en dernier ressort de la responsabilité du commandant en chef ».

Vendredi dernier, la Maison-Blanche était sur la défensive après que le vice-président Biden a assuré la veille dans son débat face au colistier républicain de M. Romney, Paul Ryan, que le gouvernement n'avait pas eu vent de demandes de renforcement de la sécurité autour de l'ambassade américaine à Tripoli et du consulat à Benghazi avant le 11 septembre.

Or, mercredi, devant une commission du Congrès pilotée par des républicains, des responsables américains de la sécurité en Libye avaient affirmé que le niveau de sûreté à Benghazi était insuffisant avant l'attaque et qu'ils avaient réclamé des mesures supplémentaires qui avaient été refusées par le département d'État.

M. Romney s'était immédiatement emparé de ces déclarations apparemment contradictoires pour accuser M. Biden de « persister dans l'aveuglement ».

Le FBI et les autorités libyennes enquêtent sur place sur l'attaque de Benghazi, tandis que Mme Clinton a mis sur pied une commission qui passe en revue les mesures de sécurité en vigueur à Benghazi et les renseignements sur l'état de la menace terroriste.

« En matière de sécurité, les décisions sont prises par des professionnels, mais nous allons tout passer en revue pour être certains que nous faisons tout le nécessaire dans un environnement de plus en plus risqué », a dit Mme Clinton sur Fox News.

Celle qui dirige le premier réseau diplomatique et consulaire de la planète a plusieurs fois assuré que l'attentat de Benghazi ou les violences antiaméricaines en septembre dans le monde arabo-musulman n'affecteraient pas le soutien des États-Unis au processus de démocratisation de ces pays.

« Nous ne pouvons pas ne pas nous engager. Nous ne pouvons pas nous retirer », a-t-elle insisté.