À la veille du premier anniversaire de l'exécution controversée du Noir américain Troy Davis, Amnesty International a appelé jeudi à relancer l'enquête pour restaurer la confiance des Américains dans leur système judiciaire.

Le 21 septembre 2011 en Géorgie (sud), «Troy Davis a été exécuté en dépit de doutes importants et persistants sur sa culpabilité», a déclaré Suzanne Nossel, directrice générale d'Amnesty International-USA, devant une cinquantaine de militants à Washington vêtus de T-shirts bleus proclamant «I am Troy Davis» («Je suis Troy Davis»).

«Cette injustice choquante a ébranlé la confiance et l'équité de notre système judiciaire et des milliers de gens ont commencé soudain à mettre en cause ce châtiment inhumain» qu'est la peine de mort, a-t-elle déclaré, en présence de la soeur de Troy Davis et d'un condamné à mort innocenté.

À l'occasion de ce «triste jour» où «l'impensable» a été commis, Amnesty International et la puissante organisation de défense des Noirs américains NAACP ont appelé le ministère de la Justice et le gouvernement de Géorgie à mener une «enquête complète, indépendante, impartiale et transparente» sur le meurtre du policier blanc dont Troy Davis était accusé et sur les «nombreuses accusations de pressions policières» dans cette affaire.

Cette enquête «plongera jusqu'aux racines du mal, le comportement fautif récurrent du gouvernement dans les affaires de peine de mort, et restaurera la confiance du public dans le système judiciaire américain», peut-on lire dans une des lettres adressées aux ministres américain et géorgien de la Justice.

«Ma famille veut que la Géorgie blanchisse son nom et se penche pour de bon sur les faits dans ce dossier, comme Troy l'a demandé avant sa mort. La justice n'a pas été rendue», a déclaré de son côté Kim Davis, la soeur de l'exécuté.

Jusqu'à son exécution, le 21 septembre à 23H08, Troy Davis avait clamé son innocence. «Ce n'était pas de ma faute, je n'avais pas d'arme», a-t-il dit.

Lors du procès, neuf témoins l'avaient désigné comme l'auteur du coup de feu, mais l'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'avait été relevé. Depuis, sept témoins s'étaient rétractés, certains d'entre eux affirmant avoir été incités par la police à accuser Troy Davis.