Au quatrième jour de leur visite d'une semaine à New York, Simon Jacock, sa femme et son fils de 12 ans se promettaient de se rendre au NY Skyride, une attraction située au deuxième étage de l'Empire State Building, où les touristes sont conviés à une expérience «trépidante».

Peu après 9h, le trio de Manchester, en Angleterre, ne se trouvait plus qu'à un demi-pâté de maisons du célèbre gratte-ciel lorsque des coups de feu ont retenti dans la 5e Avenue, bondée de touristes et de travailleurs en cette heure de pointe matinale.

«Les gens se sont mis à courir dans toutes les directions», a raconté Simon Jacock, environ une heure et demie après la fusillade qui a fait deux morts et neuf blessés en plein coeur de Manhattan. «Nous avons vu deux policiers courir après le tireur et l'abattre devant le café Starbuck», a-t-il ajouté en montrant une photo du corps du tireur prise avec son téléphone intelligent.

L'expérience s'est avérée un peu trop trépidante pour sa femme et son fils, qui sont vite retournés à leur chambre d'hôtel.

«Ils sont un peu traumatisés. Je pense que nous irons faire du camping au pays de Galles l'été prochain», a dit le touriste anglais, sourire en coin.

Les New-Yorkais, eux, n'ont rien trouvé de drôle dans cette fusillade qui a ajouté une variation urbaine à la série de tueries qui a secoué les États-Unis au cours des dernières semaines. En conférence de presse, le maire de New York, Michael Bloomberg, a identifié le tireur: Jeffrey Johnson, un habitant de Manhattan âgé de 58 ans, qui avait perdu il y a environ un an un emploi de designer au sein d'un créateur d'accessoires de mode pour femmes.

Sa victime, âgée de 41 ans, était son ancien patron, Steve Ercolino, qui a été atteint de trois balles, dont une à la tête. Son entreprise, Hazan Imports, se trouve dans un immeuble de la 33e Rue, à un pas de l'Empire State Building, un des hauts lieux du tourisme new-yorkais.

Les deux hommes avaient chacun déposé des plaintes de harcèlement à l'encontre de l'autre. Le tireur, qui vivait dans un immeuble de la 82e Rue dans le quartier Upper East Side, a été décrit par des voisins comme un «bon gars» dont le comportement était un «peu bizarre».

Parmi les neuf blessés - sept hommes et deux femmes -, certains ont été atteints par une ou plusieurs des 16 balles tirées par les deux policiers au cours de leur affrontement avec le tireur, qui était armé d'un pistolet de calibre 45 et vêtu d'un complet gris. Aucun des blessés ne se trouve dans un état critique.

«Le tireur a sorti son pistolet et tenté d'ouvrir le feu en direction des policiers», a déclaré le maire Bloomberg lors d'un point de presse. «Qu'il ait réussi ou non à tirer des coups de feu n'a pas encore été déterminé. Le nombre de coups de feu qu'il avait tirés avant de faire face aux policiers est également à déterminer. Nous savons que les policiers ont répliqué avec leurs armes à feu. L'enregistrement vidéo de la fusillade démontre clairement que le tireur avait sorti son arme et tentait de tuer les policiers.»

Merryl Citroen est au nombre des New-Yorkais qui ont tout de suite pensé à la possibilité d'un attentat terroriste en entendant les coups de feu résonner entre les immeubles de la 5e Avenue. Elle était quasiment soulagée en prenant connaissance des détails de la fusillade.

«Cela peut se produire partout dans le monde», a déclaré cette mère de famille qui vit au 19e étage d'un édifice situé en face de l'Empire State Building. «Je continue à penser que New York est l'une des grandes villes les plus sûres des États-Unis», a-t-elle ajouté en tenant la main de sa fille de 10 ans.