L'enquête du Trésor américain sur la banque britannique Standard Chartered (SCB) ne se limite pas à de possibles violations du régime de sanctions imposées par les États-Unis à l'Iran, selon un courrier du Trésor obtenu mercredi par l'AFP.

Le Trésor «enquête sur de possibles violations par la banque de sanctions liées à l'Iran mais aussi sur de possibles infractions aux sanctions» imposées à d'autres pays, a-t-il indiqué dans une lettre datée de mercredi et adressée au Trésor britannique.

Ce courrier très technique, qui répond à une demande d'explications du Trésor britannique sur la réglementation en vigueur, ne précise toutefois pas quel autre régime de sanctions américaines pourrait avoir été enfreint par Standard Chartered.

Lundi, une autorité de régulation de New York, le département des services financiers (DSF), a accusé une filiale de la banque d'avoir, pendant au moins dix ans, conclu avec l'Iran des transactions d'un montant total de 250 milliards de dollars en violation des sanctions américaines contre Téhéran.

Rejetant ces accusations, la banque avait affirmé lundi dans un communiqué avoir «volontairement» informé les autorités américaines en 2010 qu'elle était en train d'évaluer si ses transactions en dollars étaient conformes aux sanctions américaines, «principalement» celles frappant l'Iran.

Selon le New York Times, les accusations lancées par le régulateur new-yorkais ont «pris de court» la Fed et le Trésor qui menaient parallèlement leurs propres investigations sur les relations de la banque avec l'Iran.

Dans son courrier, le Trésor américain a semblé donner du poids à cette thèse en affirmant qu'elle continuerait son enquête en dépit de l'injonction à comparaître lancée par régulateur new-yorkais.

SCB devra s'expliquer le 15 août à New York et risque notamment de perdre sa licence d'exploitation locale.

«Nous continuerons à nous coordonner avec d'autres régulateurs fédéraux et locaux, dont le DSF, pour poursuivre notre enquête sur la banque», écrit le Trésor dans son courrier.

Par la voix de son PDG, la banque a de nouveau clamé son innocence mercredi. «Il y a beaucoup de choses que nous ne reconnaissons pas, que nous ne comprenons pas et qui sont factuellement inexactes», a déclaré Peter Sands au cours d'une conférence téléphonique impromptue à Londres.

Il a affirmé que les bénéfices tirés des transactions avec l'Iran portent sur «des dizaines de millions» de dollars seulement, contrairement à ce qu'affirme le DFS de New York qui a également accusé la banque de falsifications de documents financiers et d'obstruction à l'action gouvernementale.

Standard Chartered a également reçu un soutien implicite du gouverneur de la Banque d'Angleterre Mervyn King, qui s'est étonné mercredi qu'un «seul régulateur, sans les autres, ait rendu publiques (des faits) alors que l'enquête est toujours en cours».

La banque, dont le cours s'est effondré mardi à la Bourse de Londres, a repris quelques couleurs mercredi et clôturé en tête du palmarès des 100 principales valeurs du FTSE. Elle a regagné 7,08% à 1315,5 pence, après avoir perdu 16,76% la veille.

Né de la fusion en 1969 entre deux banques, Standard Chartered concentre son activité en Asie et dans les pays émergents.