Malgré un soleil de plomb, ils ont tenu à témoigner leur sympathie pour les sikhs d'Oak Creek en déposant des gerbes de fleurs ou en se recueillant devant un monument commémoratif improvisé érigé près du temple où six membres de cette communauté ont été tués dimanche.

Il y avait parmi eux des Américains de toutes origines et couleurs, comme pour faire un pied de nez à l'auteur de la tuerie, qui prônait la suprématie de la race blanche.

«Cette fusillade m'a vraiment ébranlé parce qu'elle est survenue dans un lieu de culte», a déclaré Scott Leventman, homme blanc de Chicago. «Je vis dans une communauté très multiculturelle et les sikhs que je côtoie ont toujours été très serviables, pacifiques et gentils. Ils doivent réaliser que le tueur n'est pas représentatif de ce que nous sommes.»

Sergio Vega, gardien de prison d'Oak Creek, s'est présenté devant le monument commémoratif improvisé avec le même message.

«Nous sommes venus ici pour exprimer notre soutien à la communauté sikhe», a déclaré ce fils d'émigrants mexicains, entouré de sa femme et de leurs jeunes enfants. «Nous sommes consternés par ces morts insensés.»

En soirée, plusieurs autres citoyens d'Oak Creek et des villes avoisinantes ont témoigné leur solidarité à l'occasion d'un rassemblement en mémoire des victimes de la tuerie.

Deux jours après la fusillade, la police n'a rien ajouté aux informations qu'elle avait rendues la veille à la presse sur Michael Wade Page, qu'on croit être le tueur. Les médias américains ont cependant ajouté des détails sur la vie de cet ex-soldat lié à des groupes racistes et néonazis.

Au-delà de son idéologie sur la supériorité de la race blanche, Page semblait avoir un problème d'alcool qui a mis fin à sa carrière militaire et lui a fait perdre au moins un emploi dans la vie civile. Son renvoi de l'armée en 1998 a fait suite à une série d'événements incluant l'ivresse pendant le service.

Page a également perdu un emploi de camionneur en Caroline-du-Nord il y a deux ans après avoir été soupçonné d'ivresse au volant. Il avait également été reconnu coupable de conduite avec des facultés affaiblies en 1998 à Denver.

Le Milwaukee Journal Sentinel a par ailleurs révélé que Misty Cook, ex-petite amie de Page, était elle-même liée à un groupe néonazi appelé Volksfront. Page avait emménagé avec elle dans un appartement de Milwaukee à la fin de 2011. Il avait quitté cet endroit en juin après la rupture de sa relation avec Cook, une étudiante en soins infirmiers âgée de 31 ans.

Michael Wade Page était de son côté membre de Hammerskin Nation, groupe néonazi le plus important et ancien aux États-Unis, selon la Ligue antidiffamation. La raison d'être de ce groupe se résume en 14 mots que l'on peut traduire ainsi: «Nous devons assurer l'existence de notre peuple et l'avenir des enfants blancs.»

Doté d'une valeur symbolique aux yeux des membres de Hammerskin Nation, le nombre 14 se trouvait parmi les nombreux tatouages qui recouvraient le corps de Page.

Les enquêteurs n'ont encore découvert aucun document expliquant les raisons pour lesquelles Page avait décidé de s'en prendre aux sikhs d'Oak Creek.

«À la fin, nous nous retrouverons peut-être avec plusieurs faits sur ses accointances, mais nous ne connaîtrons peut-être jamais ses motivations, parce qu'il est mort, et ses motivations sont mortes avec lui», a déclaré le chef de police d'Oak Creek, John Williams, hier après-midi sur CNN.