La sueur dégoulinant sur son front, Larry Hasheider traverse son champ de maïs pour montrer les conséquences d'une des plus graves sécheresses touchant les États-Unis depuis des dizaines d'années : « Ma récolte est complètement fichue, il n'y a rien à ramasser ».    

« Voici le meilleur épi que j'aie ici pour le moment. Et il fait la moitié de la taille normale. Les plants autour n'ont rien produit », explique à l'AFP cet agriculteur d'Okawville (Illinois), dans son champ asséché.

Les deux tiers des États-Unis sont maintenant touchés par la sécheresse la plus étendue qu'a connue le pays depuis les années 1950.

Cette sécheresse touche le grenier de l'Amérique, premier producteur mondial de maïs. Sans ces récoltes, une envolée des prix alimentaires est à craindre.

En une semaine, le Centre de surveillance de la sécheresse a relevé un triplement des zones d'extrême sécheresse situées dans neuf États du Midwest où les trois quarts du maïs et du soja américains sont produits.

« C'est comme se prendre un coup de poing dans l'estomac alors qu'on ne s'y attend pas », confie M. Hasheider. « Vous pensez, OK, ça a été une mauvaise semaine, la semaine prochaine ne peut pas être pire. Eh bien si ».

Si Larry Hasheider a la chance d'avoir une exploitation en grande partie irriguée, seuls 15 % des producteurs de maïs sont dans son cas, précisent les autorités. Et les nappes phréatiques ont tellement été mises à contribution que certaines compagnies de distribution d'eau parlent de limiter la consommation.

Les pourcentages des récoltes de maïs et de soja américains recensées comme étant « mauvaises et très mauvaises » sont montés respectivement à 48 % et 47 % la dernière semaine de juillet, selon le département de l'Agriculture.

C'est la pire évaluation depuis la sécheresse de 1988 qui avait entraîné une baisse de 20 % de la production et coûté des dizaines de milliards de dollars.

Résultat, de nombreux éleveurs envoient désormais plus tôt leurs animaux à l'abattoir, car il est désormais trop cher de les nourrir jusqu'à ce qu'ils atteignent leur taille maximale.

Prêts d'urgence

Pour tenter d'aider les agriculteurs et les éleveurs, l'administration Obama a ouvert des terres protégées appartenant à l'État et a encouragé les compagnies assurant les récoltes à renoncer aux intérêts pour un mois.

L'administration a aussi mis en place des prêts d'urgence à destination des agriculteurs situés dans les 31 États déclarés sinistrés.

Les autorités locales essayent aussi de porter secours au secteur. L'État du Missouri a débloqué d'importantes subventions pour aider les agriculteurs et les éleveurs à creuser ou approfondir des puits et à étendre leurs systèmes d'irrigation.

Les experts estiment malgré tout qu'il y aura une récolte significative, mais qu'elle sera loin des récoltes abondantes des dernières années et des prévisions records précédant la sécheresse. Une hausse des prix alimentaires et de tous types de produits est aussi à prévoir dans les années à venir, annoncent-ils.

« Nous ne parlons pas simplement du fait que les choses vont être difficiles, ici aux États-Unis », prévient Sam Funk, économiste agricole. « Si vous regardez la quantité de maïs et de soja qu'on exporte, vous réaliserez qu'un certain nombre de marchés vont aussi être touchés ».

Une très grande partie des récoltes américaines est destinée à nourrir le bétail et ces troupeaux sont en train d'être abattus, ajoute M. Funk.

À cause de ces abattages précoces, il faudra au moins deux ans pour que les cheptels de bovins retrouvent leurs niveaux d'avant la sécheresse, affirme l'économiste, ajoutant que les élevages porcins et de volailles sont aussi menacés.

Dans les champs, de nombreux agriculteurs tentent de sauver ce qui peut l'être, en coupant les plants asséchés pour nourrir leur bétail. Les épis de maïs sont de toute façon tellement rares que la récolte est devenue inutile.