Aurora est passé bien près d'une deuxième tragédie, samedi. Heureusement, au terme de deux délicates journées de travail, les experts en explosifs de plusieurs corps de police, dont le FBI, ont finalement réussi à désamorcer tous les engins dont était truffé le petit appartement de James Holmes et qui menaçaient de faire sauter l'édifice.

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Alors que les victimes et leurs proches étaient toujours à chercher des réponses au terrible drame qui les frappe, les yeux d'Aurora s'étaient tournés vers l'appartement du présumé tueur, où les policiers ont utilisé plusieurs techniques particulièrement dangereuses afin de pénétrer dans le logement du suspect.

Vers 10h30, heure locale, après 24 heures de travail, les experts ont réussi à désamorcer un premier engin explosif, «installé pour exploser dès que quelqu'un aurait tenté d'entrer par la porte», a expliqué la sergente Cassidy Carlson de la police de Denver. « Quiconque aurait passé cette porte aurait été gravement blessé et probablement mort », a ajouté l'agent spécial Jim Yacone du FBI, lors d'un point de presse.

À peine une heure plus tard, vers 11h40, les policiers ont introduit une capsule explosive remplie d'eau, de la taille d'une bouteille de deux litres, qu'ils ont fait éclater afin de désamorcer le détonateur d'une deuxième charge particulièrement menaçante. Sur le trottoir, des citoyens aux yeux inquiets observaient la scène. «J'habite juste à côté. J'espère que ça se passera bien, a dit Cythia Mora. C'est un cauchemar. Tout le quartier est en état de choc.»

L'opération, qui aurait pu mal tourner, a permis à une équipe de l'escouade spécialisée en explosif de circuler dans le logement d'environ 800 pieds carrés, dans lequel les attendaient encore une trentaine de grenades improvisées, des produits inflammables et de la poudre de fusil. «Ce n'est pas facile pour nos équipes», a insisté la sergente Cassidy Carlson, en avant-midi, alors que des policiers équipés de véritables armures étaient juchés dans une nacelle au-dessus de l'édifice piégé. Au troisième étage, les fenêtres avaient été fracassées pour permettre aux robots d'avoir accès à l'intérieur.

Ils ont réussi à libérer le logement de toutes menaces vers 16h. Les dizaines de résidents évacués devraient pouvoir réintégrer leurs appartements ce soir ou demain.

Un deuil difficile

Après le site du cinéma vendredi, le petit logement de ce modeste bloc appartement de la rue Paris était devenu le point de mire de centaines de policiers, pompiers, badauds, voisins et médias. Même le maire et le gouverneur de l'État se sont rendus sur place.

Sur le boulevard Peoria, importante artère du secteur, des dizaines d'auto-patrouilles, camions de pompiers et même des ambulances étaient toujours stationnées en fin de journée.

Difficile pour la ville de commencer à faire son deuil alors qu'un secteur entier est bouclé, évacué, à cause du même homme qui l'a attaquée. «Personne ne peut passer à autre chose en ce moment, alors qu'un immeuble entier risque d'exploser» a soupiré un voisin, Paul Johnson, qui regardait la scène, sa Bible sous le bras.

«Nous ne voulons plus vivre ça», a renchéri une mère de famille d'un bloc avoisinant qui a décidé de quitter les lieux avec ses enfants en attendant que la situation se règle.

Sur les balcons de son édifice, situé à environ 6,5 km du cinéma, les voisins attendaient le dénouement avec impatience. Pendant ce temps, des dizaines de locataires n'ont tout simplement pas accès à leurs logements depuis le drame.