La majorité républicaine de la Chambre des représentants américaine s'est offert mercredi une nouvelle abrogation symbolique de la réforme santé de Barack Obama, qui comme d'autres tentatives ne franchira pas le cap du Sénat.

Cet énième vote à caractère fortement politique, visant à abroger tout ou une partie de la loi phare de la présidence d'Obama, est le dernier d'une série de plus d'une trentaine.

Il intervient quelques jours seulement après la décision de la Cour suprême de valider la réforme, que les républicains --engagés dans une campagne sans merci pour les élections de novembre-- n'ont pas encore digérée.

La Cour a validé dans sa quasi-intégralité le 28 juin la réforme de la couverture santé adoptée et promulguée en 2010 qui prévoit d'étendre la couverture maladie à 32 millions d'Américains.

Et outre l'opposition du Sénat, l'initiative républicaine devra aussi faire face à une menace de veto présidentiel en cas d'adoption par le Congrès.

«Nous avons dit dès le premier jour que nous devons abroger entièrement cette loi», a déclaré mercredi le chef de la majorité républicaine Eric Cantor devant la Chambre. «Nous pouvons tout reprendre à zéro et dire aux Américains, nous sommes de votre côté», a-t-il lancé.

Mais le projet d'abrogation républicain ne contient pas de contre-proposition pour remplacer la réforme du président, ce que plusieurs élus démocrates ont vivement critiqué ces derniers jours.

Peu avant le vote, le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney, a estimé que l'initiative des républicains représentait ce que les Américains «détestent dans la politique à Washington». «Nous n'avons pas besoin de revivre les batailles d'il y a deux ou trois ans», a-t-il ajouté en affirmant que le Congrès devrait plutôt s'employer à aider la classe moyenne américaine.

Campagne active

En campagne à Houston (Texas), Mitt Romney, le rival républicain de Barack Obama pour la présidentielle, a été longuement hué mercredi pour avoir parlé d'abroger cette réforme santé devant la convention du plus important groupe de défense des droits des Noirs aux États-Unis, la NAACP.

De son côté, le président Obama a défendu mardi lors d'un discours de campagne dans l'Iowa (centre), la réforme qui est devenue l'un des symboles de sa présidence. «Je suis candidat car je pense que personne en Amérique ne devrait avoir des difficultés financières en raison d'une maladie. Notre loi sur la santé était la bonne chose à faire», a dit M. Obama. Le président a toutefois ajouté qu'il s'emploierait à «améliorer» la loi.

Les républicains sont pourtant conscients que seul un changement de président et de majorité au Sénat après les élections du 6 novembre pourraient produire le résultat escompté par le camp conservateur.

Ils font donc activement campagne pour regagner le Sénat. Dans un message à ses partisans lundi, le sénateur républicain Marco Rubio a expliqué que les républicains --qui disposent de 47 sièges sur 100 à la chambre haute-- ont besoin de «13 voix (soit 13 sièges de sénateurs) à travers le pays pour l'abrogation».

En effet, il faut une majorité qualifiée de 60 sénateurs pour passer outre toute opposition. M. Rubio appelle ainsi à soutenir Josh Mandel, dans l'Ohio (nord), qui a «juré d'abroger la réforme santé s'il est élu».

Selon un sondage ABC News/Washington Post publié mardi, la cause de la réforme santé du président Obama a gagné du terrain ces derniers jours dans l'opinion publique à la faveur de la décision de la Cour suprême. Désormais, les partisans de la réforme sont 47% et les opposants 47% également. En avril, l'écart était de 53% d'opinions défavorables conte 39% seulement de soutien.