La Chambre des représentants, dominée par les républicains, a voté la défiance jeudi au ministre américain de la Justice Eric Holder, accusé d'outrage au Congrès dans l'enquête sur un scandale de trafic d'armes, une première dans l'histoire des États-Unis.

Plusieurs membres de la minorité démocrate ont quitté la séance avant le vote afin de protester contre la procédure engagée par les républicains selon eux à des fins de politique politicienne. La Maison-Blanche a condamné un «coup politique».

C'est la première fois qu'un ministre de la Justice en exercice fait l'objet d'un tel vote de défiance. Le vote de la Chambre ouvre la voie à une possible action judiciaire.

La commission de la Chambre chargée de superviser les activités du gouvernement, qui mène depuis février 2011 une enquête sur l'opération reprochée à Eric Holder, avait déjà voté la défiance au ministre la semaine dernière.

L'opposition estime que M. Holder s'est rendu coupable d'outrage au Congrès en refusant de remettre un certain nombre de documents réclamés par les parlementaires. Barack Obama a invoqué «le privilège de l'exécutif» pour justifier ce refus mais l'influent élu républicain Darrell Issa, qui préside la commission, a exhorté M. Obama à faire marche arrière, jugeant cette procédure «inapplicable» au cas présent.

L'opération «Fast and Furious» avait abouti, selon un rapport parlementaire, à la perte des quelque 2000 armes que l'Agence fédérale sur l'alcool, le tabac et les armes (ATF), avait fait passer en contrebande au Mexique avec l'objectif de piéger des membres de cartels mexicains en suivant ces armes à la trace.

Selon ce même rapport, au moins 122 de ces armes avaient finalement été utilisées pour perpétrer des crimes au Mexique, et deux retrouvées sur la scène du meurtre d'un garde-frontière américain en Arizona.