Rodney King, au centre d'une affaire qui avait déclenché des émeutes raciales dévastatrices à Los Angeles en 1992, a été retrouvé mort à l'âge de 47 ans dans sa piscine dimanche, a-t-on appris auprès de la police.

Rodney King, dont le passage à tabac par quatre policiers blancs ensuite acquittés avait entraîné de très violentes émeutes raciales à Los Angeles en 1992, a été retrouvé mort dimanche dans sa piscine à l'âge de 47 ans.

Il a été découvert «inconscient» au fond de sa piscine et a été déclaré mort à un centre médical local à 06H11 locales (13H11 GMT), a déclaré à l'AFP le capitaine de la police de Rialto, près de Los Angeles, Randy Deanda.

«A première vue, il n'y a pas de trace laissant penser à un crime», a-t-il ajouté, précisant qu'une autopsie serait effectuée.

Brutalement frappé par quatre policiers blancs, devant la caméra d'un vidéaste amateur, après avoir été arrêté pour excès de vitesse, le 3 mars 1991, Rodney King, un Noir alors âgé de 26 ans, était devenu un symbole des tensions raciales et des violences policières aux Etats-Unis.

La vidéo de 10 minutes, qui montre Rodney King recevoir 56 coups de bâton sur la tête, les bras, les genoux ainsi que de nombreux coups de pieds, fait rapidement le tour du monde. L'affaire devient l'une des plus médiatiques en matière d'abus de la part des forces de l'ordre.

Les quatre policiers sont accusés d'agression et d'utilisation excessive de la force mais un peu plus d'un an plus tard, le 29 avril 1992, ils sont blanchis par un jury composé dix Blancs, un hispanique et un Asiatique.

Peu après l'annonce du verdict, 100 000 personnes descendent dans la rue, pour une manifestation qui dégénère rapidement en émeute d'une rare violence, dans le quartier à majorité noire de South Central.

«Ne pouvons-nous pas vivre ensemble?»

Les manifestants prennent entre autres pour cible des commerçants coréens, qui mettent alors en place leurs propres patrouilles armées. La police, symbole du racisme qui selon les émeutiers a conduit à l'acquittement des agresseurs de Rodney King, est également attaquée.

«Ne pouvons-nous pas vivre ensemble?», lance Rodney King à la télévision, mais il faut l'intervention de l'armée pour mettre fin aux violences, qui font en quatre jours 53 morts et un milliard de dollars de dégâts.

Journalistes, écrivains, professeurs, policiers et responsables communautaires ont longuement débattu il y a quelques semaines à l'occasion du 20e anniversaire de ces émeutes.

Et si tous s'accordent pour dire que la situation s'est améliorée, l'inquiétude reste de mise dans une ville où des inégalités criantes demeurent entre les communautés blanche, noire, hispanique et coréenne.

Rodney King, qui avait publié un livre à cette occasion, avait lui assuré avoir «pardonné» aux policiers qui l'avaient battu, lors d'un entretien sur la chaîne de télévision CNN.

«Les Etats-Unis m'ont pardonné de nombreuses choses et m'ont donné de nombreuses opportunités. Il faut pouvoir avoir une seconde chance et moi je l'ai eue», avait-il déclaré. Il avait été arrêté une dizaine de fois depuis les émeutes pour des affaires mineures.

«Si tout cela s'était passé dans les années 50 ou 60... je n'aurais pas survécu. Je n'aurais pas écrit ce livre», avait-il aussi affirmé.

A la suite des émeutes, les policiers avaient été accusés d'atteinte aux droits de l'homme, une violation de la loi fédérale.

En avril 1993, deux avaient été reconnus coupables et les autres acquittés.