Le financier américain Allen Stanford a été condamné jeudi à 110 ans de prison pour une escroquerie à la Madoff de 7 milliards de dollars, dernier acte de la chute de l'ex-roi du cricket.

Allen Stanford, surnommé le «petit Madoff» en référence à l'escroc new-yorkais condamné à 150 ans de prison, avait été reconnu coupable en mars dernier d'avoir trompé quelque 30 000 investisseurs de plus de 100 pays avec des investissements bidon via la Banque Stanford International, basée sur l'île antillaise d'Antigua.

«Il s'agit de l'une des escroqueries les plus odieuses jamais présentées à un tribunal fédéral», a observé le juge David Hittner en rendant sa sentence à Houston (sud).

Les enquêteurs n'ont pas trouvé trace de 92% des huit milliards de dollars que la banque prétendait avoir en actifs et réserves obligatoires. Un montant conséquent mais nettement plus faible que les 65 milliards de dollars siphonnés jusqu'en 2008 par Bernard Madoff.

Stanford, 62 ans, a passé les trois dernières années en prison et ne sera plus jamais remis en liberté, à moins qu'il ne gagne en appel ou obtienne une grâce. En mars, il avait été reconnu coupable de 13 des 14 chefs d'accusation pour escroquerie, complot, blanchiment d'argent et obstruction à la justice.

Lors de l'audience finale, Allen Stanford, des sanglots dans la voix, a mis la chute de son empire sur le compte de procureurs trop zélés et affirmé que ses investissements auraient fini par payer, a rapporté l'agence KHOU.

«Je ne suis pas un voleur», a-t-il assuré au juge. «J'ai la conscience tranquille».

Jadis 605e fortune mondiale

Ses victimes n'ont de toute façon pas paru prêtes à pardonner.

«Il ne s'agit pas d'un simple délit financier commis sur le papier», a tonné devant la cour le fondateur de la Coalition des victimes de Stanford, Angie Shaw. «Il s'est agi d'un crime incroyablement ignoble qui continue à faire souffrir ses victimes».

Gravement battu lors d'une bagarre en prison, Allen Stanford avait été déclaré temporairement inapte à subir un procès après être devenu dépendant aux médicaments antidouleur et aux antidépresseurs.

Il a essayé d'obtenir un non-lieu dans cette affaire en arguant que les médicaments et les coups avaient endommagé sa mémoire, mais sa requête a été rejetée par le juge.

Ce Texan, qui a aussi acquis la nationalité antiguaise au temps de sa splendeur, est accusé d'avoir monté comme Madoff une «cavalerie» en vendant des produits financiers fictifs aux rendements exceptionnels: les investisseurs étaient rémunérés grâce aux fonds apportés par les nouveaux arrivants.

Allen Stanford avait été anobli en 2006 à Antigua, dans les Caraïbes, où il était devenu le plus gros employeur du pays. Il avait créé en 2008 un tournoi de cricket, le «Stanford 20/20», qui avait drainé 300 millions de télespectateurs dans le monde entier.

Avec une fortune évaluée à 2,2 milliards de dollars, l'homme d'affaires avait été classé 605e fortune mondiale en 2006 par le magazine Forbes. Il avait été arrêté en 2009 aux États-Unis après avoir fait l'objet d'une plainte de la commission des opérations en Bourse des États-Unis (SEC).