Une commission du Sénat américain a annoncé lundi qu'elle allait organiser une audition sur les risques du placement à l'isolement en prison, une première réclamée par les associations de défense des droits civiques qui pointent les risques de ce type de détention.

Le numéro deux démocrate du Sénat, Dick Durbin, qui préside la sous-commission sur les droits civiques et constitutionnels, «a annoncé aujourd'hui qu'il allait organiser pour la première fois une audition portant sur la question du placement à l'isolement en prison», c'est à dire sur le fait d'être détenu seul dans sa cellule, a indiqué son bureau.

L'audition se tiendra le 19 juin. Les témoins n'ont pas encore été annoncés mais la séance devrait s'intéresser aux conséquences de ce placement à l'isolement en termes de sécurité publique, de fiscalité et du respect des droits de l'homme.

«Au cours des dernières décennies, on a assisté aux Etats-Unis à une explosion du recours au placement à l'isolement pour les prisonniers», - qu'ils relèvent des autorités locales, étatiques ou fédérales, a indiqué le bureau du parlementaire.

L'ACLU (American Civil Liberties Union, Union américaine des libertés civiles) a jugé que cette audition «incroyablement importante» constituait une chance de pointer les projecteurs sur une pratique qui concerne, selon elle, 80 000 détenus dans le pays.

«Ca va être la première fois qu'on s'intéresse à cette pratique au niveau national», a déclaré à l'AFP Amy Fettig, une responsable de l'ACLU pour les prisons.

Les prisonniers qui font l'objet de ce type d'isolement souffrent souvent de maladies mentales sévères et leur condition s'aggrave fréquemment au cours de la détention et peut donner lieu à des tentatives de suicide ou à des infractions disciplinaires, selon elle.

En octobre dernier, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, avait demandé que le placement à l'isolement en prison soit aboli dans tous les pays pour les mineurs et les personnes atteintes de maladies mentales.

«Étant donné les nombreuses souffrances psychologiques pouvant résulter d'une mise à l'isolement, ce traitement peut être assimilé à de la torture et être considéré comme cruel, inhumain ou dégradant (...) pour les mineurs ou les personnes atteintes de troubles mentaux», avait-il dit lors d'une conférence de presse.

Ce traitement, utilisé «très fréquemment dans de nombreux pays», selon Juan Mendez, y compris lors des détentions préventives, «devrait être strictement interdit lorsqu'il est mené sur une période de temps indéfinie ou prolongée au-delà de quinze jours».