Le gouverneur du Wisconsin Scott Walker a survécu hier à un scrutin de rappel qui aurait pu écourter son règne tumultueux à la tête de cet État du Midwest.

Après s'être mis à dos les employés du secteur public de son État en s'attaquant à leurs droits et acquis, le républicain de 44 ans, rock star du Tea Party, a défendu avec succès son poste, remportant 52% des suffrages contre 48% pour son rival démocrate, le maire de Milwaukee Tom Barrett, selon les projections des médias.

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Plusieurs commentateurs pensaient pouvoir tirer un présage de ce référendum tenu cinq mois avant l'élection présidentielle de novembre qui doit opposer Barack Obama à Mitt Romney. Mais les sondages réalisés à la sortie des urnes ont fourni des résultats contradictoires.

Si le scrutin présidentiel avait eu lieu hier, le président sortant aurait enlevé le Wisconsin avec 54% des suffrages contre 42% pour son adversaire républicain. L'ancien sénateur d'Illinois avait remporté cet État par 14 points de pourcentage en 2008 face à John McCain.

La victoire de Scott Walker ne constitue pas moins une dure défaite pour les syndicats et leurs alliés démocrates, qui avaient forcé la tenue de ce rare scrutin de rappel en amassant près d'un million de signatures, soit trois fois plus que le nombre requis.

Ils doivent aujourd'hui s'avouer vaincus face à un adversaire dont la campagne a été richement financée par ses supporteurs du monde des affaires, dont les frères Bill et Charles Koch, deux milliardaires et magnats du pétrole.

Scott Walker aura disposé de 30 millions de dollars pour mener sa campagne contre 4 millions pour Tom Barrett.

Le scrutin de rappel intervenait plus d'un an après la mise en application de mesures proposées par le gouverneur Walker pour réduire le déficit de l'État. Porté au pouvoir en novembre 2010 par la vague du Tea Party, cet émule de Ronald Reagan a non seulement obtenu des coupes dans les retraites et l'assurance-maladie des employés du secteur public, mais aussi l'affaiblissement de leurs droits de négocier par conventions collectives.

Ces mesures ont incité des centaines de milliers de fonctionnaires, enseignants, étudiants et citoyens à manifester pendant plusieurs semaines dans les rues de Madison, capitale du Wisconsin.

Au cours de la même période, des sénateurs démocrates du Wisconsin se sont en outre réfugiés dans l'Illinois voisin pour empêcher la tenue d'un vote sur les mesures proposées par les alliés républicains du gouverneur.

Peine perdue: le texte de loi a fini par être adopté. Mais la colère des syndicats et de leurs alliés n'était pas épuisée. Elle leur a servi d'aiguillon pour se lancer dans une campagne qui a abouti à la tenue de ce scrutin de rappel.

Tout comme son rival républicain Mitt Romney, Barack Obama n'a pas pris une part active à la bataille du Wisconsin. Il a d'ailleurs attendu à la veille du scrutin pour exprimer son soutien à Tom Barrett, non pas de vive voix, mais par l'entremise de Twitter.

«C'est jour d'élection demain dans le Wisconsin et je soutiens Tom Barrett. Il ferait un gouverneur remarquable. -bo», a-t-il écrit sur son compte.

Seulement deux gouverneurs américains ont perdu leur poste à la suite d'un scrutin de rappel. Le gouverneur démocrate de Californie Gray Davis est le dernier à avoir subi ce sort, ayant dû s'incliner devant Arnold Schwarzenegger en 2003.