Une clameur a retenti samedi après-midi dans un amphithéâtre de Columbus, en Ohio, lorsque Barack Obama a exhorté quelque 14 000 partisans à transmettre aux membres de leur entourage ce message: la campagne pour sa réélection aura «encore» pour thèmes l'«espoir» et le «changement».

Les deux mots font évidemment référence aux slogans de la première campagne présidentielle du démocrate, qui avaient capté l'imagination d'un grand nombre d'Américains, notamment des jeunes. Mais le lancement officiel de la campagne de Barack Obama en vue de l'élection présidentielle du 6 novembre a mis en évidence un autre thème, qui n'était pas présent en 2008 et qui occupera vraisemblablement en 2012 une plus grande place que l'espoir et le changement: la peur.

Il ne s'agit pas de la peur du terrorisme, qui avait lourdement pesé dans la réélection de George W. Bush en 2004. Dans ses discours de samedi, le président démocrate a certes évoqué les questions de sécurité nationale, notamment en se félicitant d'avoir mis fin à la guerre en Irak et d'avoir donné le feu vert à l'opération qui a mené à l'élimination d'Oussama ben Laden. Mais il n'a pas laissé entendre que l'élection de son adversaire probable, Mitt Romney, exposerait les Américains à de nouveaux attentats.

À l'entendre, ce dont les Américains devraient avoir peur en élisant l'ancien gouverneur du Massachusetts, c'est d'abord de livrer la direction de leur pays aux républicains de la Chambre des représentants.

«Après une primaire longue et âpre, les républicains du Congrès ont maintenant choisi un candidat qui approuvera sans discussion leur programme s'il en a la chance», a déclaré Barack Obama samedi, tentant de faire passer le prétendant républicain à la Maison-Blanche pour le pantin d'un groupe d'élus jugés intolérants ou extrémistes par une bonne partie de l'électorat.

À Columbus comme à Richmond, le président sortant a pris soin de vanter les qualités personnelles de Mitt Romney, le décrivant comme un bon patriote et un excellent père de famille. Il a toutefois fait valoir que la classe moyenne pâtirait de l'élection de cet homme qui a, selon lui, tiré les «mauvaises leçons» de ses expériences à la tête d'une «grande entreprise financière» et d'un État.

«Il pense sincèrement que si les patrons et les riches investisseurs comme lui gagnent de l'argent, nous nous enrichirons aussi de manière automatique», a déclaré Barack Obama à Columbus.

«Il ne semble pas comprendre que la maximisation des profits par tous les moyens, qu'il s'agisse de vous licencier, de délocaliser, d'échapper à l'impôt ou de critiquer les syndicats, n'est pas une bonne chose pour l'Américain moyen ou pour l'économie américaine», a-t-il ajouté.

«Pour quelle autre raison voudrait-il consacrer des milliards de dollars à des baisses d'impôts pour les Américains les plus riches? Pour quelle autre raison proposerait-il de réduire ses propres impôts tout en augmentant ceux de 18 millions de familles de travailleurs?»

La réponse à ces questions est simple, selon Barack Obama: Mitt Romney veut ramener les États-Unis à la situation qui prévalait dans le pays avant la crise financière de 2008.

«Nous étions là, nous nous en souvenons et nous n'allons pas y revenir», a déclaré le président en citant le nouveau slogan de sa campagne de réélection. «Forward»: le mot évoque la peur d'un retour à des politiques jugées néfastes non seulement sur le plan économique, mais également sur le plan social. Dans ses discours de samedi, le président a également fait valoir que l'élection de Mitt Romney mettrait notamment en danger l'accès des femmes à l'avortement et à la contraception.

Mais Mitt Romney n'est peut-être pas l'adversaire qui devrait susciter la plus grande peur chez les partisans du président démocrate. Si le ralentissement de l'économie américaine devait se confirmer au cours des six prochains mois, les électeurs risquent fort de vouloir aller de l'avant sans Barack Obama.

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