Le Vatican met sous tutelle l'organisme qui représente les religieuses américaines, parce qu'il ne défend pas assez la morale sexuelle catholique et conteste la chaîne traditionnelle d'autorité de l'Église.

Ainsi, 3 évêques superviseront la «réforme» de la Conférence des religieuses (LCWR), qui regroupe 50 000 soeurs du pays. L'un des trois évêques, John Paprocki, est spécialiste de l'exorcisme et fait souvent des déclarations incendiaires sur l'avortement et la contraception. Mgr Paprocki est surnommé Holy Goalie parce qu'il joue au hockey.

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La Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), descendante de l'Inquisition, a exprimé sa «gratitude» pour la «grande contribution des religieuses dans les écoles, les hôpitaux et les institutions d'aide aux pauvres». Mais elle note que la LCWR tolère parmi ses rangs un «féminisme radical» dénonçant le «patriarcat» de l'Église et une «dissidence» sur l'ordination des femmes et la pastorale aux homosexuels.

Discours subversif

L'élément déclencheur de l'enquête de la CDF a été l'un des discours prononcés à la réunion annuelle de la LCWR en 2007. La dominicaine Laurie Brink y a célébré une foi dépassant Jésus pour voir le Saint-Esprit «dans toute la création, au-delà de la religion institutionnelle». Soeur Brink appelait les religieuses à «dépasser l'Église».

La LCWR n'a pas donné d'entrevue hier, mais s'est déclarée «atterrée» et «surprise», par voie de communiqué. La responsable des communications de la Conférence religieuse canadienne a indiqué à La Presse qu'aucune enquête de la CDF n'est en cours.

«Les religieuses américaines sont beaucoup plus nombreuses et engagées sur le terrain, dans les quartiers pauvres et les écoles», explique Philippe Vaillancourt, responsable du site d'information catholique québécois Crayon et goupillon. «Au Canada, elles passent sous le radar. Mais je crois que certaines théologiennes féministes sont restées dans les ordres, davantage qu'au Canada. On voyait notamment des discussions sur la Dieu.»

La publication du rapport de la CDF survient au moment où les évêques américains sont en plein bras de fer avec le président Barack Obama à propos du financement de la contraception par les compagnies d'assurances privées dans le cadre de l'«Obamacare». «À mon avis, c'est une coïncidence, dit M. Vaillancourt. L'Église a l'habitude de ne pas tenir compte des débats politiques dans ce qu'elle considère comme une question de discipline interne. Mais les catholiques américains auront certainement l'impression que les deux dossiers sont liés et que l'Église intervient dans la campagne électorale.»