Interdites de servir au combat, les femmes de l'armée américaine ont pourtant versé le prix du sang en Afghanistan et en Irak: le Pentagone a tiré jeudi les conséquences de ces conflits sans ligne de front en levant une partie des restrictions faites aux femmes militaires.

La philosophie générale ne change pas et les femmes, qui représentent 15% des effectifs de l'armée, ne sont toujours pas censées servir au combat, essentiellement dans les unités d'infanterie et de cavalerie. Mais environ 14 000 postes qui leur étaient interdits leur sont désormais ouverts.

Dix ans de guerre en Irak et en Afghanistan ont changé la donne. «Il n'y a plus de ligne de front clairement définie et de lignes arrières censées être plus sûres où les opérations de soutien sont effectuées», note le département de la Défense dans un rapport au Congrès dévoilé jeudi.

«L'ennemi est très mobile et se déplace au sein de la population civile. Les opérations de stabilisation et de contre-insurrection pour le combattre supposent que nos forces soient réparties dans des bases grandes et petites dans le pays. Il n'y a pas d'arrière sur ce champ de bataille», a expliqué Vee Penrod, adjointe du secrétaire à la Défense pour les questions de personnel, lors d'une conférence de presse.

Les femmes se sont retrouvées à occuper certaines fonctions sur ces bases où sont stationnées des unités de combat. Ainsi 280 000 Américaines ont servi en Irak et en Afghanistan depuis 2001, soit 12% des effectifs déployés, et 144 y ont été tuées, dont 79 au combat.

Les nouvelles règles interdisent toujours aux femmes de servir dans les forces spéciales ou dans les sanctions d'infanterie de quelques dizaines d'hommes.

Mais alors qu'elles ne pouvaient occuper de fonction qu'au niveau de la brigade (3000 hommes), le seuil a été abaissé à celui du bataillon (800 hommes), où il y a plus de risque d'être confronté aux combats.

Surtout, 13 spécialités auparavant présentées comme trop risquées pour les femmes leur sont désormais ouvertes, comme celle de membre d'équipage de lanceur multiple de roquettes (MLRS), d'opérateur de radar d'artillerie ou dans la maintenance des chars de combat et véhicules blindés.

Malgré ces 14 000 nouveaux postes, un tiers des postes de l'armée de Terre et des Marines reste toutefois réservés aux hommes.

La grande majorité des fonctions dans l'armée de l'Air et dans la marine sont déjà ouvertes aux femmes, les risques de se retrouver dans des situations de combat y étant faibles. Les femmes peuvent même servir à bord des sous-marins américains depuis le 1er janvier 2011, sous réserve de quartiers adéquats pour les héberger.

Cette décision d'ouvrir davantage l'armée aux femmes fait suite à l'abrogation l'an passé de l'obligation faite aux homosexuels de taire leur orientation sexuelle sous peine de renvoi.

Pour Donna McAleer, ancien officier et militante de l'égalité homme-femme sous l'uniforme, «c'est un premier pas», qui espère-t-elle sera suivi d'un nivellement graduel des droits et perspectives de carrière entre hommes et femmes.

Le chef du Pentagone Leon Panetta l'assure, selon son porte-parole George Little: «c'est le début de la fin».

Si des «barrières pratiques» subsistent comme la question de la promiscuité ou de l'évaluation des capacités physiques qui privilégie actuellement les hommes, le Pentagone «va continuer à examiner les moyens d'ouvrir davantage de fonctions aux femmes dans l'armée», promet M. Little.