Fidèles à leur politique de «donnant-donnant» envers la Birmanie, les États-Unis se sont dits prêts vendredi à échanger des ambassadeurs avec la Birmanie après la libération de prisonniers politiques, sans évoquer pour l'heure, une levée des sanctions.

L'amnistie annoncée vendredi avait été réclamée sans relâche par l'Occident comme preuve de la sincérité des réformes du nouveau régime, qui multiplie depuis l'an dernier les gestes d'ouverture.

Elle a aussitôt été saluée par Barack Obama. «J'applaudis la décision du président Thein Sein de libérer des centaines de prisonniers politiques, qui constitue une avancée cruciale pour la transformation démocratique de la Birmanie», a déclaré le président américain dans un communiqué.

M. Obama avait initié dès 2009 une politique de «main tendue» pour rompre avec la stratégie d'isolement de la Birmanie, alors contrôlée par un régime militaire, qui a poussé le pays riche en matières premières dans les bras de la Chine.

En novembre dernier, M. Obama avait déclaré qu'après «des années noires, nous voyons depuis plusieurs semaines des lueurs de progrès» en Birmanie.

«Aujourd'hui cette lueur est un peu plus brillante», a-t-il dit vendredi, indiquant qu'il avait demandé à sa secrétaire d'État Hillary Clinton de «prendre des mesures (...) afin de saisir cette chance historique et riche d'espoir».

La chef de la diplomatie américaine a annoncé dans la foulée que les États-Unis «allaient entreprendre une procédure en vue d'échanger des ambassadeurs avec la Birmanie», première étape avant un éventuel rétablissement complet des liens diplomatiques entre les deux pays.

«Nous allons choisir une personne qui représentera l'administration américaine en tant qu'ambassadeur», a-t-elle précisé lors d'une brève allocution au département d'État.

Mme Clinton a indiqué qu'elle remplissait ainsi sa promesse faite fin 2011 lors d'une visite historique en Birmanie de répondre à «chaque action (des autorités birmanes) par une action».

Les deux pays entretiennent des relations diplomatiques mais le représentant américain en Birmanie est un chargé d'affaires depuis 1990, un grade en dessous de celui d'ambassadeur.

Dans la lignée de ce réchauffement, la secrétaire d'État a indiqué qu'elle appellerait au cours du week-end le président birman Thein Sein ainsi que l'opposante Aung San Suu Kyi, dont l'assignation à résidence a pris fin en 2010.

Mme Clinton a également salué «chaleureusement» l'accord de cessez-le-feu signé jeudi par le gouvernement birman avec le principal groupe rebelle karen.

«C'est un grand jour» pour la Birmanie, a-t-elle dit.

Mais ni M. Obama ni Mme Clinton n'ont évoqué une levée des sanctions qui pèsent contre le régime birman, qui interdisent les investissements américains dans ce pays, l'importation aux États unis de biens provenant de Birmanie et appliquent une politique de visas restrictive aux membres du gouvernement birman.

Mme Clinton a ainsi prévenu que le rapprochement entre les deux pays sera un «long processus» qui dépendra des réformes menées par le régime.

Elle a ainsi demandé au «gouvernement (birman) d'entamer un dialogue constructif avec tous les groupes ethniques», et le président Obama a appelé de son côté le gouvernement birman à poursuivre les libérations de prisonniers politiques.

«Il y a encore beaucoup de travail à faire», a commenté un haut responsable du département d'État sous le couvert de l'anonymat, soulignant que le régime birman devait «couper» ses relations militaires avec la Corée du Nord.

«Nous avons demandé au gouvernement (birman) de donner l'assurance qu'il ne s'engagerait pas dans de nouveaux accords (d'armements) avec Pyongyang», a-t-il dit. «Nous sommes également préoccupés par la fourniture de devises à la Corée du Nord».