Après des années de procédures d'appel et de multiples reports, le dernier prévenu dans l'affaire de la tuerie de Haditha en Irak, le pire crime de guerre reproché aux Américains dans ce pays, débute jeudi, devant une cour martiale.

Le sergent Frank Wuterich, 31 ans, comparaîtra notamment pour neuf chefs d'accusation d'homicide involontaire, pour son rôle dans la mort de 24 civils irakiens le 19 novembre 2005.

Frank Wuterich est le dernier prévenu dans cette affaire, ses sept co-accusés ayant tous été blanchis. Chef de l'escadron incriminé, sans aucune expérience préalable des combats, il a toujours fait figure d'accusé principal.

La procédure, instruite à Camp Pendleton, la plus grande base de Marines au monde, à 130 km au sud de Los Angeles, avait été ouverte après la révélation de l'affaire par l'hebdomadaire Time au printemps 2006.

Les faits remontent au 19 novembre 2005, lorsqu'un militaire américain participant à une patrouille avait été tué par une bombe artisanale placée en bord de route dans le village de Haditha, à 260 km à l'ouest de Bagdad.

Selon les avocats des Marines, des insurgés cachés dans des maisons avaient alors commencé à tirer, et un combat s'était engagé, dans le respect des règles fixées par le haut commandement.

Toutefois, selon l'accusation, il n'y avait pas d'insurgés et les militaires se sont lancés dans trois heures de tuerie pour venger leur camarade, abattant même les cinq occupants d'un taxi qui s'approchait du quartier. Parmi les victimes, 10 étaient des femmes ou des enfants, tués à bout portant.

L'accusation est assurée par le lieutenant colonel Sean Sullivan et le Major Nicholas Gannon, qui ont déjà poursuivi plusieurs soldats pour des affaires en lien avec la présence américaine en Irak.

Le sergent Wuterich est actuellement en service actif à Camp Pendleton.

S'il est reconnu coupable, il risque la prison à vie. Mais les jurys militaires de Camp Pendleton, dans les procès d'affaires irakiennes, rechignent généralement à condamner leurs collègues et recommandent des peines légères.

Le procès commence jeudi avec la sélection du jury suivie, si le temps le permet, de l'ouverture des débats.