Le nouveau blocage fiscal à Washington diffère de tous ceux qui l'ont précédé en 2011: non seulement oppose-t-il démocrates et républicains, mais il divise également les républicains entre eux.

Des sénateurs du Grand Old Party ont en effet joint leurs voix, hier, à celles de Barack Obama et de ses alliés démocrates du Congrès pour dénoncer le refus des dirigeants républicains de la Chambre des représentants de tenir un vote sur la prolongation d'allégements fiscaux pour la classe moyenne adoptée par le Sénat.

«Cela me met en colère que les républicains de la Chambre choisissent de faire de la petite politique plutôt que de trouver des solutions. Leurs actions heurteront les familles américaines et nuiront à notre fragile économie», a déclaré le sénateur républicain du Massachusetts, Scott Brown.

Cette bataille «dessert le Parti républicain», a déclaré de son côté le sénateur républicain d'Arizona, John McCain, un des 39 sénateurs de son parti qui ont voté samedi en faveur d'un compromis prolongeant de deux mois une réduction de cotisations sociales devant expirer le 31 décembre.

Le président Obama avait réclamé à l'origine une extension d'une année de ces allégements fiscaux. Il a fini par se rallier au compromis négocié par les dirigeants démocrates et républicains du Sénat.

Faute d'un accord de l'ensemble du Congrès d'ici à la fin de l'année, quelque 160 millions d'Américains verront leurs impôts augmenter de 1000$ en 2012. Le blocage met également en péril la prolongation d'allocations de chômage pour environ deux millions d'Américains.

«Ne jouons pas au bord du précipice, les Américains en ont assez, ils sont fatigués de cela», a déclaré Barack Obama lors d'un point de presse à la Maison-Blanche, appelant la Chambre des représentants à tenir un vote sur le projet de loi du Sénat.

Le président a mis le blocage sur le compte d'une «faction» de républicains de la Chambre composée en bonne partie d'élus issus du Tea Party.

Les républicains du Congrès n'ont pas l'habitude de se battre contre des baisses d'impôts. Ils ont cependant défendu leur refus de tenir un vote sur le compromis du Sénat en faisant valoir que la prolongation de deux mois des allégements fiscaux n'était qu'une demi-mesure dont l'impact économique serait nul ou négligeable.

Le président de la Chambre, John Boehner, a demandé hier aux dirigeants du Sénat d'ouvrir de nouvelles négociations pour arriver à un accord d'ici la fin de l'année. Le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, lui a opposé une fin de non-recevoir.

Ce bras de fer pourrait évidemment avoir un impact politique en 2012, année électorale au cours de laquelle démocrates et républicains tenteront de convaincre les Américains de la classe moyenne qu'ils sont les meilleurs défenseurs de leurs intérêts économiques.