Les stratèges de Barack Obama osent à peine y croire. Newt Gingrich, un politicien considéré comme toxique par une partie non négligeable de la population américaine, pourrait remporter l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012, s'il faut se fier aux plus récents sondages.

Mais les conseillers du président ont intérêt à ne pas jeter trop vite à la poubelle leur plan d'attaque contre Mitt Romney, le prétendant républicain qu'ils craignent le plus. Car l'ancien président de la Chambre des représentants devra franchir plusieurs obstacles avant de pouvoir crier victoire. Nous vous en présentons cinq, en attendant les caucus de l'Iowa qui lanceront, le 3 janvier, le processus de sélection d'un candidat républicain:

1 - L'hostilité de l'establishment républicain

Rarement un favori des sondages aura-t-il suscité une hostilité aussi vive au sein de l'establishment politique de son propre parti et des pontes de l'information sympathiques à la cause de cette formation. David Brooks, George Will, Ann Coulter, Charles Krauthammer, l'hebdomadaire National Review et plusieurs autres grands noms du journalisme conservateur américain ont mis en garde les républicains contre la tentation de choisir Newt Gingrich comme candidat présidentiel.

Le sénateur de l'Oklahoma Tom Coburn a quant à lui exprimé l'opinion de plusieurs républicains du Congrès en mettant en doute publiquement les qualités de leader de Newt Gingrich. «Je ne suis pas enclin à le soutenir, ayant servi sous ordres à la Chambre des représentants. J'ai trouvé que son leadership laissait souvent à désirer», a-t-il dit lors d'une entrevue à la chaîne ABC.

2 - Un faible pour les déclarations incendiaires

Newt Gingrich aime larguer des bombes verbales dont il finit souvent par être la principale victime. Au cours des trois dernières semaines, il a qualifié de «vraiment» stupides les lois contre le travail des enfants, relégué les Palestiniens au rang de «peuple inventé» et répondu à une attaque de Mitt Romney en le sommant de remettre «l'argent qu'il a fait en poussant des compagnies à la faillite et en mettant à pied des employés».

Dans cette dernière déclaration, Gingrich faisait référence aux années de Romney à la tête de la société d'investissement Bain Capital. Comme plusieurs commentateurs conservateurs l'ont rappelé, un candidat républicain attaché au capitalisme à l'américaine ne peut se permettre de tenir de tels propos.

3 - Des accointances controversées

Depuis qu'il a quitté son siège à la Chambre des représentants, en janvier 1999, Newt Gingrich a noué des relations avec quelques-unes des plus grandes bêtes noires du Parti républicain. Il a notamment agi à titre d'«historien» (c'est son mot) auprès du géant du refinancement hypothécaire, Freddie Mac, qui a été renfloué à coups de milliards par l'État en 2008. «Il a perçu 1,6 million de dollars afin d'influencer des élus pour maintenir l'arnaque», a déclaré Michele Bachmann jeudi soir lors d'un débat en Iowa, accusant Gingrich d'avoir fait du lobbying, ce que ce dernier a nié.

L'ancien président de la Chambre des représentants a également tourné une pub avec la démocrate Nancy Pelosi à l'époque où celle-ci était présidente de la Chambre. Les deux appelaient les élus de Washington à combattre les changements climatiques. «La chose la plus bête que j'ai faite ces dernières années», dit-il aujourd'hui.

4 - Une vie privée tumultueuse

Newt Gingrich a-t-il vraiment tenté de faire signer à sa première femme les papiers de leur divorce alors que celle-ci se remettait d'un cancer à l'hôpital? Non. Il semble que cette histoire appartienne à la légende. Mais elle a été répétée assez souvent pour noircir le portrait de Gingrich auprès de nombreux Américains.

Portrait auquel il faut ajouter cette liaison adultère avec celle qui allait devenir sa troisième femme, alors même qu'il orchestrait, à titre de président de la Chambre, l'impeachment de Bill Clinton pour avoir menti sur sa relation sexuelle avec Monica Lewinsky.

5 - Une équipe de campagne embryonnaire

Contrairement à Mitt Romney, Newt Gingrich ne compte pas encore sur une équipe de campagne digne de ce nom. Il vient à peine d'ouvrir des bureaux en Iowa et au New Hampshire, les États qui tiendront les premiers scrutins de la course à l'investiture républicaine.

Cette absence d'une véritable organisation électorale, qui tient à un manque d'argent, pourrait coûter cher à Gingrich si la course s'étire.