Newt Gingrich, actuel favori de la course républicaine à la Maison Blanche, a provoqué de vives réactions en qualifiant les Palestiniens de peuple «inventé», semblant remettre en cause la solution à deux États et la politique américaine au Proche-Orient.

La politique américaine au Proche-Orient comprend depuis les années 1990 - sous différents présidents, démocrates et républicains,-l'idée que la  solution au conflit passe par un État palestinien au côté d'Israël.

Mais dans un entretien accordé à la chaîne américaine Jewish Channel et diffusé vendredi, l'ex-président de la Chambre des représentants a raillé les efforts de l'administration du président Obama en faveur de la paix au Proche-Orient. M. Obama et son administration «se font des illusions» sur la situation au Proche-Orient, a-t-il martelé.

«Nous sommes en présence d'un peuple palestinien inventé, qui est en fait un peuple arabe, et qui faisait historiquement partie de la communauté arabe», a observé M. Gingrich.

Samedi le porte-parole de M. Gingrich, RC Hammond, a toutefois assuré dans un communiqué que le candidat «soutient une paix négociée entre Israël et les Palestiniens qui comprendra nécessairement un accord entre Israël et les Palestiniens sur les frontières d'un État palestinien».

«Mais, pour comprendre ce qui est proposé et négocié, vous devez comprendre des décennies d'histoire complexe. C'est exactement ce à quoi faisait référence M. Gingrich» dans l'interview de vendredi, a ajouté M. Hammond.

M. Gingrich avait déclaré que les Palestiniens «avaient la possibilité d'aller n'importe où. Mais pour un certain nombre de raisons politiques, nous (les États-Unis) avons entretenu cette guerre contre Israël depuis les années 1940 et je trouve que c'est tragique».

Ces déclarations ont provoqué samedi une réaction courroucée de l'autorité palestinienne. Le premier ministre palestinien Salam Fayyad a exprimé son indignation, réclamant de M. Gingrich qu'il s'excuse pour ses «remarques vulgaires, blessantes et ridicules».

Il a estimé que ses propos «constituent une distorsion totalement inacceptable de la vérité historique», soulignant qu'en Israël «même les plus extrémistes des colons n'oseraient pas parler de façon aussi ridicule».

M. Gingrich, qui affronterait M. Obama en novembre 2012 s'il remportait les primaires républicaines qui seront organisées dans chaque État au premier semestre, a estimé que sa vision du monde était «assez proche» de celle du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Jusqu'aux années 1980, des dirigeants israéliens, en particulier le premier ministre Golda Méir (de 1969 à 1974), niaient l'existence d'un peuple palestinien, une position que seule la droite la plus extrême continue à défendre de nos jours.

Pour enfoncer le clou, M. Gingrich a assimilé les Palestiniens à des «terroristes». «Être impartial, entre une démocratie qui respecte l'état de droit, et un groupe de terroristes qui lance des missiles tous les jours, ce n'est pas de l'impartialité, cela revient à favoriser les terroristes», a lancé le prétendant républicain à la Maison Blanche.

De son côté, le sénateur démocrate américain Carl Levin a réagi samedi en déplorant que le candidat ne propose «aucune solution» et qu'il ne fait que présenter «un bidon d'essence et une allumette».

M. Levin a estimé que «la grande majorité des juifs américains (y comprit moi-même) et le gouvernement israélien lui-même sont pour une solution à deux États dans laquelle Israéliens et Palestiniens puissent vivre côte à côte».

Cette semaine, lors d'un forum organisé par la «Coalition juive républicaine» à Washington, les candidats républicains, dont M. Gingrich, ont fustigé le manque de soutien, à leurs yeux, de l'administration du président Barack Obama envers Israël. Mais aucun n'avait remis en cause aussi directement l'aspiration des Palestiniens à un État.