Le meneur d'un groupe de soldats américains accusés d'avoir exécuté trois civils afghans en 2010 a «trahi» le peuple américain en agissant de la sorte, a affirmé mercredi l'accusation devant une cour martiale de l'État de Washington.

Dans son réquisitoire, le major et procureur militaire Rovert Stelle a contesté les affirmations du sergent Calvin Gibbs, selon lesquelles son unité se défendait contre une attaque d'Afghans lors de l'exécution des trois civils.

Le procès du sergent Gibbs, 26 ans, se tient depuis le 28 octobre à la base militaire de Lewis-McChord, au sud de Seattle.

Selon l'accusation, le jeune homme était le meneur d'un groupe de cinq soldats qui auraient élaboré pour s'amuser des «scénarios» pour exécuter des civils afghans début 2010 dans la province de Kandahar. Ils auraient aussi prélevé des parties de cadavres et pris des photos avec les dépouilles.

«C'est une affaire de trahison, de la pire des trahisons», a déclaré le major Stelle. «Le sergent Gibbs a trahi ses compagnons, son unité et, le drapeau de sa nation sur la potrine, des centaines de milliers de compatriotes. Il a trahi sa nation», a-t-il dit.

Accusé notamment d'assassinats, d'agressions, de comportement préjudiciable au bon ordre et à la discipline, Gibbs, qui plaide non coupable, encourt la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération sur parole.

Pendant son témoignage, le sergent avait reconnu avoir prélevé sur les cadavres des doigts, décrits par le procureur comme des «trophées», mais avait assuré que les exécutions avaient eu lieu pendant une attaque ennemie.

«Faire croire à une intervention légitime faisait partie du plan», a affirmé le procureur. Mais ces histoires sont «hautement improbables», a-t-il dit.

La défense devait ensuite présenter sa plaidoirie finale, avant qu'un jury militaire de cinq personnes ne se retire pour délibérer.

Sur les cinq soldats impliqués, trois ont déjà plaidé coupable et été condamnés à des peines allant de 3 à 24 ans de prison. Le cinquième, Michael Wagnon, est dans l'attente de son procès.